Nos vies valent plus que leurs profits

La santé mentale à la merci de l’exploitation capitaliste

La santé mentale de la population s’est dégradée, notamment depuis la pandémie. Selon l’étude CoviPrev, en décembre 2022 : 17 % des Français montrent des signes d’un état dépressif, 24 % des signes d’un état anxieux et 10 % ont eu des pensées suicidaires au cours de l’année. Par rapport au niveau hors épidémie, c’est plus 7 points pour la dépression, plus 11 pour l’anxiété, et plus 5,5 pour les pensées suicidaires !

L’étude montre également que les femmes sont les plus touchées par l’anxiété durant cette période, tandis que la prévalence de l’anxiété est aussi plus forte chez « les moins de 50 ans, les employés, les personnes ayant un diplôme inférieur au bac, vivant dans un logement exigu, percevant leur situation financière comme « juste » ou « difficile » ou ayant déjà eu un suivi pour des troubles psychologiques avant le premier confinement. » Pas de quoi s’étonner : la violence de cette société capitaliste touche plus particulièrement les plus précaires et les plus opprimés…

Le gouvernement en soutien de la santé mentale de la jeunesse et des travailleurs ?

Dans un discours de politique générale, Attal a dit vouloir faire de la santé mentale des jeunes une « grande cause gouvernementale ». Il a parlé notamment de réformer le récent dispositif « Mon soutien psy ». En effet, ce dispositif de remboursement des séances chez les psychologues libéraux n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins en soins psychiques : seulement 7 % des psychologues libéraux y participent.

Pour tout le monde ?

D’après le site de l’assurance maladie : « Le dispositif “Mon soutien psy” permet à toute personne (dès 3 ans) angoissée, déprimée ou en souffrance psychique, de bénéficier de séances d’accompagnement psychologique avec une prise en charge par l’assurance maladie. »

En réalité, seules certaines personnes souffrant de troubles anxieux ou dépressifs d’intensité légère à modérée peuvent participer à ce dispositif. Tout le monde n’est pas le bienvenu !
Les autres sont orientées vers la psychiatrie, qui se porte de plus en plus mal. Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), en 2018, 2,1 millions de patients ont été pris en charge en psychiatrie ambulatoire, c’est-à-dire sans hospitalisation, et pourtant, les délais d’obtention de rendez-vous sont très longs (67 jours en moyenne).

Le gouvernement fait des économies sur la santé mentale

Ce dispositif conditionne l’accompagnement pour des problèmes de santé mentale à l’approbation d’un médecin. Or, outre la difficulté à avoir accès à un médecin traitant (six millions de personnes n’en ont pas), parler de ses soucis est compliqué et se confier à celui-ci peut l’être encore plus.

Pour les psychologues comme pour les patients, huit séances de 30 minutes par an (soit quatre heures !) ce n’est évidemment pas suffisant. Surtout que le gouvernement, au lieu d’injecter de l’argent dans le système de santé public, préfère financer des séances remboursées en libéral mais limitées, plutôt que dans l’hôpital public où les moyens n’en finissent pas de manquer.

La casse de l’hôpital public

En effet, il y a une pénurie de psychologues hospitaliers. Et pour cause : le salaire d’un psychologue entrant à l’hôpital est le même que celui d’un infirmier, déjà dénoncé comme étant bien trop faible, surtout avec l’inflation galopante. Les conditions de travail sont difficiles, trop de patients ne sont pas pris en soin par des psychologues débordés, symptôme de la dégradation de l’offre de soin à l’hôpital public.

Les psychologues ont tout à gagner à s’allier avec le personnel hospitalier et les autres professionnels de la santé, qui, régulièrement, s’opposent au gouvernement et à ses attaques. Patients, soignants, nous avons tout intérêt à rejoindre la bataille pour la réouverture de tous les hôpitaux et lits fermés ces dernières années et pour un système de santé libéré de la soif de profit.

Mira Belmontier

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 10, février 2024)