Le paysage médiatique français est aujourd’hui un club très fermé où une petite poignée de milliardaires contrôle l’essentiel des grands titres de presse, des chaînes de télévision et de radio. Qui sont les principaux joueurs de ce Monopoly médiatique ?
Bernard Arnault
La deuxième fortune de France possède et investit dans le secteur des médias depuis plus de trente ans. Après avoir placé son pion sur Radio Classique en 1999, le propriétaire de LVMH a acheté Les Échos en 2007. Chez lui, les journalistes un peu trop récalcitrants finissent parfois sur la case « Prison », le maître des lieux n’hésitant pas à passer des coups de fil à ses rédacteurs en chef pour que leur journal soit plus docile dans le traitement de l’actualité en général et, bien entendu, pour tout ce qui concerne son propre groupe1. En 2015, il a racheté Le Parisien, mais cette acquisition ne s’est pas faite sans remous : en 2023, des rédacteurs ont dénoncé des « Unes partisanes et biaisées » sur la réforme des retraites.
Vincent Bolloré
Le magnat ultra-réactionnaire détient, via Vivendi, l’ensemble des chaînes du groupe Canal+, Prisma Media (Capital, Gala, Femme actuelle, Télé Loisirs, Voici), les radios RFM et Europe 1, mais il a aussi pris le contrôle du groupe Lagardère (Paris Match, Journal du dimanche). Pour imposer sa couleur, il n’hésite pas à employer la manière forte. C’est ce qu’a subi le Journal du dimanche en 2023 : une grève de quarante jours n’a pas empêché l’éviction de la quasi-totalité de la rédaction pour imposer une ligne d’extrême droite. En janvier 2025, la plateforme Reddit France a banni les médias du groupe pour désinformation.
La famille Dassault
Les héritiers de l’avionneur Serge Dassault sont propriétaires du Figaro et de ses différentes déclinaisons. Chez Dassault, on ne se contente pas de vendre des engins de mort, on bombarde aussi les esprits de discours réactionnaires. Le 13 juin 2024, au lendemain du premier tour des élections législatives, le directeur du Figaro, Alexis Brézet, avait appelé la droite à l’union avec le RN, avant de rétropédaler.
Daniel Kretinsky
Depuis 2018, le milliardaire tchèque s’est offert une véritable collection de titres : de Elle à France dimanche, en passant par Télé 7 jours, Ici Paris ou encore Marianne. Ce dernier titre a failli passer dans l’escarcelle d’un autre milliardaire, d’extrême droite, Pierre-Antoine Stérin, lui aussi en train de constituer son empire médiatique. L’influence de Kretinsky ne s’arrête pas à la presse magazine : il a aussi mis quelques billets sur Loopsider et a pris des parts dans TF1, détenu par la famille Bouygues.
Rodolphe Saadé
En 2024, le groupe CMA CGM a racheté Altice Media (BFMTV, RMC) à Patrick Drahi, pour 1,55 milliard d’euros. Son dirigeant, Rodolphe Saadé, possédait déjà de nombreux journaux, comme La Tribune ou encore La Provence dont l’ancien directeur avait été mis à pied en 2024 pour une Une jugée trop anti-Macron !
Martin Eraud
1 Laurent Mauduit, Main basse sur l’information, Don Quichotte, 2016