Nos vies valent plus que leurs profits

Le Surréalisme, l’exposition du centenaire

Le Surréalisme, l’exposition du centenaire

Au centre Pompidou à Paris, jusqu’au 15 janvier 2025

 

 

En octobre 1924, le poète André Breton publiait son livre Poisson soluble, dont la préface, le Manifeste du surréalisme, donnait le coup d’envoi d’un mouvement artistique révolutionnaire, qui voulait non seulement changer la manière de faire de l’art, mais aussi transformer la société. Les initiateurs de ce mouvement, Breton, Aragon ou Max Ernst (peintre allemand qui vint vivre à Paris en 1922) se plongèrent dans la lecture de Marx après avoir étudié les idées et méthodes de Freud.

Cette génération de révoltés et de combattants a vécu le bain de sang de la Première Guerre mondiale. Avec Louis Aragon, Paul Éluard et Francis Picabia ils ont participé au mouvement international Dada qui, au sortir de la guerre, dénonce les valeurs bourgeoises, la « crapule cléricale » et le nationalisme qui continue d’enrégimenter les esprits.

La révolution russe puis la révolution allemande avortée mettent ces artistes face au choix de l’engagement. Max Ernst distribuait un petit journal, Der Ventilator, devant les usines à Berlin en 1920. Breton, Éluard et Aragon adhéreront au Parti communiste en 1927. Si certains, comme Aragon, vont céder aux pressions de la bureaucratisation stalinienne, d’autres, comme Breton, chef de file du mouvement, feront partie de l’opposition de gauche. Breton, que le Lénine de Trotski publié en 1924 avait marqué, restera un compagnon de route des oppositionnels. En 1938, il signe avec Diego Rivera un manifeste « Pour un art révolutionnaire indépendant » dont le contenu a longuement été discuté avec Trotski.

Si l’exposition ne fait que frôler l’aspect très politique de ce courant artistique international, elle brille par les tableaux hallucinants de Max Ernst, René Magritte, Dorothea Tanning, Salvador Dali et tant d’autres.

Anne Hansen