Nos vies valent plus que leurs profits

Les années 1960 et la reprise du mouvement ouvrier

La dictature franquiste était fasciste et donc capitaliste. Elle s’est dédiée à éliminer les organisations ouvrières pour assurer l’exploitation sans limites des travailleurs et travailleuses par la bourgeoisie. Il a fallu attendre les années 1960 pour voir un renouveau de la classe ouvrière, avec une nouvelle génération pour qui les horreurs de la guerre étaient plus lointaines.

S’ajoutaient les changements économiques imposés par le régime, qui avait abandonné l’autarcie pour miser sur un modèle de mécanisation des champs, envoyant beaucoup de main-d’œuvre dans les villes, favorisant la concentration de travailleurs dans les usines et entreprises de nouveaux secteurs comme l’automobile, l’électroménager ou l’industrie chimique. Cette nouvelle génération de la classe ouvrière a été à l’avant-garde d’une vague de contestation, dont les expériences importantes comme la Huelga de Bandas1 ont aidé à renforcer la reprise de la conscience de classe. L’identification des patrons à la dictature faisait de toute revendication, aussi minime soit-elle, l’expression d’une opposition potentielle à la dictature, les luttes ouvrières prenant un caractère politique et anti-régime. De fait, les grèves de solidarité pour soutenir d’autres lieux de travail en lutte ont donné lieu à de nombreuses expériences d’auto-organisation, comme les comités ouvriers. Cette orientation basée sur l’auto-organisation, la solidarité et la mobilisation constante ont permis d’importantes victoires, comme des augmentations salariales allant jusqu’à 34 % par an dans une usine de Tafalla (Navarre).

La dictature était dans une situation délicate : d’un côté, l’opposition anti-franquiste grandissait ; de l’autre, les capitalistes voyaient avec effroi que la répression ne marchait plus et que, pire, la dictature n’arrivait pas à gérer la crise économique. Le spectre de la révolution, alors que l’auto-organisation, la solidarité et l’expression unifiée du mouvement ouvrier étaient à leur apogée, a convaincu la bourgeoisie du nécessaire changement.

R. O.

1  Huelga de Bandas ou « grève des bandes » : grève des ouvriers de la Laminación de Bandas en Frío du 30 novembre 1966 au 15 mai 1967, à Etxebarri (nord-ouest de la Communauté autonome du Pays basque), la plus longue grève sous Franco. Pour en savoir plus, voir le cahier n° 22 de La actualidad de la Revolución de IZAR.

 

 


 

 

Sommaire du dossier

État Espagnol : 50 ans après le mort du dictateur Franco ou la « transition démocratique » vers le maintien du pouvoir des capitalistes

 

(Dossier réalisé à partir de la présentation de Rubén Osuna (Izar Madrid) lors des rencontres révolutionnaires du NPA-R 2025)