Nos vies valent plus que leurs profits

Leurs guerres, nos morts

Café Bonne Bière, 14 novembre 2015. Source : wikipedia

Les attentats du 13 novembre 2015 en France s’inscrivent en réalité dans un contexte de guerres et d’ingérences impérialistes.

Un fruit des guerres impérialistes

En 2006, Al-Qaïda et d’autres groupes « djihadistes », présents en Irak après le renversement du régime de Saddam Hussein par les États-Unis en 2003, prenaient le contrôle de la province d’Al-Anbar, à l’ouest. Ces groupes ont alors pris leur autonomie dans le but d’exercer le pouvoir dans les régions qu’ils dominaient.

En 2012, à la faveur du soulèvement contre Bachar al-Assad dans la Syrie voisine, et de la guerre entre le régime et différents groupes armés, « l’ÉI » a traversé la frontière pour devenir l’État islamique en Irak et au Levant (ou Daech).
Il a alors été combattu à la fois par le pouvoir d’Assad et ses alliés (Russie, Iran, Hezbollah libanais…), une coalition de 22 pays, dont les États-Unis et la France, à partir de 2014, et par d’autres groupes « djihadistes », parfois liés à des puissances régionales (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Turquie), chacune voulant étendre son influence régionale.

La perte de ses territoires entre 2015 et 2019 n’a pas empêché Daech d’organiser ou de revendiquer des attentats dans le monde entier, et de recevoir l’allégeance d’autres groupes d’une vingtaine de pays, de l’Algérie à l’Indonésie, de l’Ouzbékistan au Mozambique… Le renversement d’Assad en décembre 2024, comme la faiblesse des États du Sahel, d’Afrique de l’ouest et de l’est, lui permettent d’être toujours actif.

Un « État » militaire… et capitaliste

Ses dirigeants ont aussi su s’intégrer au monde des affaires capitalistes. Les deux tiers de ses quelque 2 906 milliards de dollars de revenus provenaient du pétrole, du gaz et du phosphate… Et 10 % de la vente de ciment, comme le rappelle le procès de l’entreprise française Lafarge, qui lui a versé des millions d’euros pour maintenir ses activités en Syrie entre 2013 et 2014. D’autres multinationales ont certainement commercé, au moins indirectement, avec l’État islamique. Et les différents belligérants ont favorisé la circulation de ses combattants et de ses armes, lorsque sa progression permettait d’affaiblir un rival.

Les 16 000 morts des près de 2 000 attentats commis par Daech entre 2013 et 2016 en Irak, en Syrie et dans une vingtaine de pays, sont les victimes d’un groupe criminel et obscurantiste. Mais l’existence même de ce groupe est la conséquence des ingérences et actes de déstabilisation des puissances impérialistes dans le monde. Nos dirigeants comptent leurs profits, nous comptons nos morts.

Jean-Baptiste Pelé