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L’Évars : face aux attaques réactionnaires et au manque de moyens, un avenir bien compromis

Le 30 janvier 2025, le Comité social et économique de l’Éducation nationale a approuvé le nouveau programme d’Éducation à la vie affective, relationnelle, et à la sexualité (Évars). Il s’agit d’aborder les questions liées à la connaissance de son corps, au consentement, à la prévention des MST et à la conception. Le programme est adapté à l’âge des élèves, de la maternelle à l’université.

Un programme nécessaire pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles

Ce programme en soi est important pour donner aux enfants, dès le primaire, des notions sur le consentement et le respect de l’intimité, et les aider à identifier les violences sexistes et sexuelles pour qu’ils comprennent qu’elles ne sont pas normales. En effet, selon une enquête de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) de 2024, en moyenne, trois enfants par classe sont victimes d’inceste.

Au collège et au lycée, les cours déconstruisant explicitement les préjugés sexistes et LGBTIphobes ne peuvent qu’aider à l’émancipation de la jeunesse.

La droite et l’extrême droite en rangs serrés pour la défense du patriarcat

Selon le Syndicat de la famille (anciennement La Manif pour tous), il s’agirait d’un programme qui « ne [tient] pas compte des différences [physiologiques et émotionnelles] entre garçons et filles », ainsi que d’une « approche idéologique de l’égalité des sexes ».

Depuis plusieurs années, la droite et l’extrême droite s’attaquent à l’école, accusée d’un supposé « endoctrinement » de la jeunesse. Les détracteurs de ce programme ne veulent pas d’un enseignement qui remette en cause la famille traditionnelle. Ils refusent que les jeunes commencent à questionner cette institution et son rôle dans la société.

Et les moyens dans tout ça ?

Ce programme vient s’empiler sur ceux qui existent depuis une dizaine d’années : égalité fille-garçon, lutte contre les stéréotypes de genre et bien sûr éducation à la sexualité. À chaque fois, la bonne volonté affichée est rattrapée par les budgets austéritaires. Il est difficile de croire à la sincérité de ce gouvernement, qui compte en son sein des membres ayant voté contre le mariage pour tous et contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Depuis le début de la présidence de Macron, les budgets de la santé et de l’éducation n’ont cessé d’être réduits. Qui pourrait alors croire à sa volonté de défendre l’éducation sexuelle et l’émancipation des jeunes ? Selon un rapport de 2021 de l’Inspection générale de l’Éducation, du sport et de la recherche, moins de 15 % des élèves en France bénéficient réellement des trois séances annuelles.

Or, pour que la transmission des savoirs soit à la hauteur de l’ambition, il faut du personnel en nombre et formé. Il manque 15 000 infirmières scolaires selon le SNICS-FSU. En 2023 déjà, il n’y avait que 900 médecins scolaires pour plus de 12 millions d’élèves.

Au-delà du programme, c’est par la mobilisation des jeunes, et des moins jeunes, qu’une société émancipée, sur ce sujet comme sur bien d’autres, pourra voir le jour.

Kai Azua

 

 


 

 

Sommaire du dossier : Violences sexistes et sociales : en finir avec le capitalisme et le patriarcat