Nos vies valent plus que leurs profits

LFI : un autre budget capitaliste est possible !

Si nous nous retrouvons dans bien des combats avec les militantes et militants de la France insoumise (LFI), son contre-projet de budget 2026 vise avant tout à la rendre crédible aux yeux des capitalistes.

Changer sans lutter

LFI propose un budget avec 183,6 milliards d’euros de recettes et 167,9 milliards de dépenses. « Taxe Zucman », rétablissement de l’ISF, plafonnement des héritages, taxes sur les dividendes, nouvelle tranche d’impôts sur le revenu… Elle entend bien faire payer les « ultra-riches » pour assurer embauches, hausses de salaire, titularisations, remboursement des soins, développement des services publics et protection de l’environnement…

Mais comment y parvenir ? LFI voudrait-elle nous faire croire qu’elle obtiendra à elle seule la majorité absolue ? À supposer que cela suffise à imposer de telles mesures à la bourgeoisie qui a tout de même déclenché deux guerres mondiales et d’innombrables massacres et coups d’État pour maintenir ses privilèges ! Mais, même si on a la naïveté d’y croire, on peut tout de même se rappeler que la gauche était au pouvoir dans les années 1980 et 1990… A-t-elle jamais tenté d’imposer de telles politiques aux capitalistes ? Comment croire qu’il pourrait en aller autrement aujourd’hui ? Les avancées sociales n’ont jamais été imposées que par les grèves et mobilisations de masse. Or, LFI s’adresse bien moins aux travailleurs qu’au patronat, en lui promettant que ces sacrifices lui assureront une nouvelle prospérité, par la relance de la consommation et de l’investissement.

LFI ne reprend même pas les revendications portées par nos luttes : sur les retraites, elle promet d’abord 62 ans, puis 60 ans sans préciser quand, et 40 annuités au lieu des 37,5 qui prévalaient jusqu’en 1993 dans le privé et 2003 dans le public. Sur les salaires, elle se contente d’un Smic à 1 600 euros net, ce qui correspond à la revendication de 2000 euros brut de la CGT, mais reste insuffisant pour se loger et vivre correctement. Et il serait financé en partie (1,6 milliard d’euros) par l’État ; les exonérations de cotisations seraient seulement réduites, non supprimées.

Union nationale et impérialisme

LFI envisage de nationaliser quelques groupes stratégiques (Engie, Orange, Total…), comme si la propriété publique mettait fin à l’exploitation : bien des grandes entreprises ont été « nationalisées » à un moment ou un autre, sans que cela remette en cause ne serait-ce que leur retour dans des mains privées… La société pétrolière Elf était une entreprise pétrolière publique, aujourd’hui intégrée à la très privée TotalEnergies.

Pour LFI, aucun problème à maintenir la loi de programmation militaire, afin d’assurer « notre souveraineté par la défense nationale, tant militaire que commerciale » face aux États-Unis et de participer aux opérations de l’ONU… Mais que pensent de l’armée française les populations d’Afrique et les peuples toujours colonisés ? Les travailleurs n’ont rien à voir avec les guerres que mène l’État au nom des capitalistes français !

Pire, LFI prône une « conscription citoyenne » obligatoire de neuf mois, avec formation militaire et idéologique : une mise à disposition de la jeunesse aux mains des brutes galonnées et de leur bourrage de crâne patriotique !

L’hostilité des médias réactionnaires montre que la bourgeoisie ne veut même pas concéder les concessions réclamées par Mélenchon. Mais, en cherchant encore à la convaincre, LFI révèle surtout qu’elle ne croit pas à la capacité de la classe ouvrière à prendre en main ses affaires, et encore moins l’ensemble de la société, c’est-à-dire à renverser ce monde capitaliste.

J.-B. Pelé