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L’intervention féministe au travail

Dans les entreprises, comme dans le reste de la société, les inégalités entre les femmes et les hommes font système. Le travail des femmes est dévalorisé, l’écart salarial homme-femme est de 15 %, et une femme sur trois est victime de violences sexistes ou sexuelles au travail.

Le patronat fait semblant, au mieux, de traiter la question des inégalités salariales, sans toutefois les résorber en l’absence de véritable contrainte. Au pire, il se sert de ces inégalités pour diviser tout en préservant ses propres intérêts. Il exerce une pression réactionnaire sur l’ensemble de la société, contre laquelle seules les luttes collectives peuvent rivaliser.

Les syndicats, notamment la CGT, disent faire de l’égalité salariale entre hommes et femmes leur priorité. Plus récemment, ils ont déployé des campagnes, souvent conçues au niveau national et pas toujours relayées localement, contre les violences sexistes et sexuelles au travail. Mais le plus souvent, les directions syndicales réclament une intervention patronale ou gouvernementale au lieu de mobiliser collectivement et directement les travailleuses concernées. Ce traitement très institutionnel de la question de l’oppression des femmes ne contribue pas aux mobilisations à la base, tellement nécessaires sur ce sujet.

À la SNCF, entreprise qui compte un forte majorité d’hommes (80 %), les femmes sont moins bien payées, plus nombreuses à exercer en temps partiel, et partent en moyenne plus tardivement à la retraite que les hommes. Elles sont également nombreuses à faire face au sexisme ordinaire voire, pour une partie non négligeable d’entre elles, à des violences sexistes ou sexuelles (agressions verbales ou physiques). Bien que ces agissements soient passibles de sanctions, et pour certains constitutifs d’infraction ou de délit, ils font rarement l’objet de suites, disciplinaires ou judiciaires, et encore moins de changements ni d’évolution des consciences au sein des collectifs de travail.

À travers notre intervention militante sur des cas de violences sexistes et sexuelles au travail, nous avons identifié plusieurs causes à cela : d’une part, les femmes victimes ne se manifestent que très rarement, par peur des représailles patronales ou par méfiance à l’encontre des syndicats. D’autres part, si les victimes se manifestent auprès de la direction, l’enquête est confiée à un prestataire, qui conclut la plupart du temps à l’absence de faits litigieux. Si des poursuites sont parfois engagées contre le ou les salariés mis en cause, l’employeur, lui, n’est jamais mis en cause, alors même qu’il est en faute pour ne pas avoir assuré la sécurité des salariées.

La lutte contre le sexisme et les violences sexistes et sexuelles dans toute la société et notamment sur nos lieux de travail est l’affaire de tous les travailleurs et travailleuses, syndiqués ou non !


Stella Monnot, branche transport du NPA

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 4, septembre 2023..)