Cela fait plusieurs mois que plus de la moitié des habitants de l’Uruguay n’ont pas d’eau potable. Cette sécheresse, aggravée par la surexploitation de l’eau par l’agriculture capitaliste, est la pire depuis 74 ans. Le principal réservoir d’eau de la capitale, Montevideo, n’est plus qu’à 2 % de sa capacité.
La population réduite à boire de l’eau de mer
En conséquence, l’entreprise publique Obras Sanitarias del Estado (OSE) qui gère l’eau potable a mélangé de l’eau douce à de l’eau de l’Atlantique afin de fournir de l’eau au robinet plus longtemps, malgré les risques sanitaires : même les animaux refusent de la consommer ! Pour « rassurer » la population, le ministre de l’Environnement, Robert Bouvier, a déclaré que « l’eau n’est pas potable dans sa définition précise de potabilité, mais elle est buvable et consommable ». La teneur en sel de l’eau du robinet est cependant deux fois plus élevée que le seuil maximum fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), alors qu’un tiers de la population souffre d’hypertension artérielle.
Les capitalisent pillent, puis ils revendent
Parions que Bouvier ne boit pas au robinet mais trinque aux profits monstrueux réalisés par les Danone et autres Coca-Cola qui profitent d’un pays dépendant de l’eau en bouteille, inaccessible pour les 500 000 personnes n’ayant pas les moyens d’en acheter.
Il ne manque pourtant pas d’eau en Uruguay avec l’aquifère Guarani, une des trois plus grandes réserves d’eau potable dans le monde. Cette richesse aiguise les appétits des multinationales, qui accaparent cette ressource avec l’aide du gouvernement, à l’image de Google dont le nouveau centre de données nécessite 7,6 millions de litres d’eau par jour pour être refroidi. C’est la consommation quotidienne de 55 000 personnes. C’est la goutte de trop dans un pays où les capitalistes de l’agro-alimentaire épuisent déjà cette ressource – la plus grande usine de pâte à papier du monde y a, par exemple, ouvert cette année !
La colère s’exprime
La population fait entendre sa colère dans les rues de Montevideo en martelant le sol avec des bouteilles en plastique vides au rythme du slogan « No es sequía es saqueo » (« ce n’est pas la sécheresse, c’est le pillage »). Les travailleurs et travailleuses de l’OSE, cette entreprise publique qui gère l’eau, donnent aussi de la voix. Ils ont fait grève en juillet pour dénoncer le sous-effectif qui les empêche d’entretenir correctement le réseau. Près de la moitié de l’eau distribuée serait ainsi perdue dans la nature du fait de la vétusté des canalisations.
Tout pour leur profit et rien pour la population, voilà comment les capitalistes et leur gouvernement assoiffent un pays entier. Ce qu’ils font en Uruguay, ils le font ailleurs. Coupons-leur le robinet des profits par la grève, les manifestations, et socialisons les ressources en eau !
Ella Bailleul
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 4, septembre 2023..)