Dans son discours du 22 septembre 2025 à l’ONU, ce sont surtout de nombreuses exigences au Hamas et aux Palestiniens dans leur ensemble qu’a exprimé Macron en prétendant reconnaitre un État palestinien. Mais quel État ?
Une enclave fantoche
Il lui demandait ainsi, outre la libération des otages, d’accepter une « administration de transition » qui exclurait les organisations hostiles à l’État d’Israël, « accompagnée de forces de sécurité » dont la France se propose d’assurer la formation. Leur mandat serait « le démantèlement et le désarmement du Hamas », avec le soutien d’une « mission internationale », à laquelle la France « est prête à contribuer », sous mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, « avec le consentement des autorités israéliennes. »
Ce que propose Macron, c’est en fait un gouvernement palestinien fantoche, aux ordres des impérialistes, un État qui serait « souverain, indépendant » et… « démilitarisé » : exactement le plan de Trump. Macron se contentant de vouloir remplacer Tony Blair ?
Le gouvernement israélien, lui, peut bien rester aux mains d’une extrême droite qui refuse d’entendre parler d’un État palestinien, avec une armée qui prête main forte aux colons en Cisjordanie. Macron lui demande seulement de consentir à un cessez-le-feu à Gaza en vue de négociations.
Extravagances de Trump
De son côté, Trump s’est livré, comme à son habitude, à des mensonges éhontés et aux théories les plus folles : délires sur « l’invasion migratoire » qui serait orchestrée par l’ONU, élucubrations sur la charia qui serait en passe d’être introduite à Londres… Il a promis « l’enfer » aux pays européens qui, selon lui, ne sont pas assez violents dans les coups qu’ils réservent aux travailleurs, notamment immigrés. Pour lui, l’ONU, une institution pourtant établie par les impérialistes pour se partager la garde de l’ordre impérialiste mondial, est désormais une institution de trop, en tout cas pas assez docile à son goût. Et comme il faut accélérer les forages de pétrole, le pillage des richesses planétaires, et exploiter toujours davantage le prolétariat mondial, Trump a saisi l’occasion pour dénoncer l’accord de Paris sur le climat, qui est pourtant bien timide et surtout destiné à garantir aux impérialistes de pouvoir continuer à détruire la planète. Mais pour lui, c’est encore trop…
Une réponse bien plus concrète du côté israélien
Coté Netanyahou la réponse ne s’est pas fait attendre. Devant une salle vidée d’une cinquantaine de délégations, il a égrené les ennemis qu’il a « rayés de la carte » depuis un an : des dirigeants houthistes (alliés de l’Iran) au Yémen, le dirigeant du Hamas Yahya Sinwar, celui du Hezbollah Hassan Nasrallah, le régime d’Assad en Syrie, des chefs militaires et des scientifiques nucléaires iraniens… Ajoutant : « Mais nous n’en avons pas terminé. […] Israël doit finir le boulot. »
C’est bien ce qu’il fait avec la destruction méthodique du nord de la ville de Gaza et son invasion depuis le 15 septembre, tout en niant le génocide dans une rare démonstration de mauvaise foi. Israël sauverait des vies en annonçant ses frappes, le nombre de victimes civiles serait dû au fait que « Gaza est la zone la plus densément peuplée sur Terre », la famine serait organisée par le Hamas…
Pour Gaza, ses exigences sont exactement celles de Trump… et du projet de Macron : la démilitarisation, un contrôle israélien sur la sécurité de la zone et une « autorité civile pacifique […] attachée à la paix avec Israël. »
Mais, quelle paix ? Aux « pays arabes et musulmans », il pourrait donner accès à « des technologies de pointe », y compris avec la Syrie, à conditions qu’ils garantissent l’ordre contre les peuples dans la région, désarme le Hezbollah au Liban. Et il a surtout rejeté toute possibilité d’État palestinien, qui reviendrait à « donner un État à Al-Qaïda à un kilomètre de la ville de New York après le 11 septembre. »
Dans un message vidéo la veille, il avait réaffirmé : « Aucun État palestinien ne verra le jour à l’ouest du Jourdain. » Pour cela, il a garanti que la colonisation allait continuer, se vantant d’y avoir déjà « doublé les implantations juives ».
Derrière le cinéma à l’ONU, la suite allait donc se régler entre Trump et Netanyahou dans les bureaux de la Maison-Blanche.
J.-B. Pelé
Sommaire du dossier
- Deux ans de guerre génocidaire pour l’expansion d’Israël
- Macron-Trump-Netanyahou à l’ONU : passe d’armes sur le dos des Palestiniens
- Le plan Trump-Netanyahou : l’ordre impérialiste au Moyen-Orient sur le dos du peuple palestinien
- Cisjordanie : l’autre guerre d’Israël
- Pour l’Union européenne, tous les drones ne se valent pas !
- Embargo espagnol sur les armes israéliennes : un embargo pas si total…
- En Italie, contre la guerre à Gaza, nouvel appel à manifester samedi 4 octobre
- Berlin : 120 000 manifestants en soutien à la Palestine
- La gauche et la reconnaissance de la Palestine