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Martinique : la lutte s’exporte à Paris !

Depuis plus de deux mois, le mouvement contre la vie chère se poursuit en Martinique. L’accord du 16 octobre, sur la baisse de certains prix dans l’alimentaire, satisfait uniquement les patrons de la grande distribution et les élus martiniquais, alors que le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), à l’initiative de la mobilisation, a quitté la table des négociations. Et pour cause ! L’accord promet une baisse de 20 % des prix de certains produits alimentaires, alors que les prix sont en moyenne 40 % plus élevés, bien souvent le double ou le triple de ce qu’on peut trouver dans l’Hexagone. Peu de produits sont concernés par cette baisse, et bien souvent ce ne sont pas les produits frais, viande, poisson, fruits ou légumes. Pas question de se satisfaire de « malbouffe », selon de nombreux participants à la lutte !

Le RPPRAC vient d’organiser deux manifestations à Paris, les dimanches 3 et 10 novembre, qui ont rassemblé à chaque fois plusieurs milliers de personnes. À leur tête, Rodrigue Petitot, dit « le R », un des fondateurs du mouvement, venu à Paris pour la circonstance, dans le but d’interpeller le ministre des Outre-mer sur la situation, sans illusion. Tous de rouge vêtus, couleur emblématique du mouvement contre la vie chère démarré le 1er septembre dernier, les manifestants ont défilé pour réclamer que tous les prix de l’alimentaire dans les outre-mer soient alignés sur ceux de la France métropolitaine et, de manière plus générale, revendiquer une égalité de traitement avec le reste de la population française. Des pancartes mentionnaient le scandale de l’empoisonnement des sols et de l’eau au chlordécone, ce polluant éternel, pesticide cancérogène utilisé dans les bananeraies jusqu’en 1993 en dépit de sa toxicité avérée, interdit depuis 1975 aux États-Unis. D’autres dénonçaient l’histoire coloniale, encore bien présente : « liberté, égalité, colonisé ». Ce sont en effet les familles de békés, descendants des colons esclavagistes, qui ont encore aujourd’hui le monopole de la grande distribution dans les Antilles françaises. Des Réunionnais, des Kanak étaient également présents.

Le succès de ces deux manifestations à Paris est ressenti en Martinique comme un sérieux encouragement à tenir bon. Tous ensemble, les jeunes, les travailleurs et l’ensemble de la population antillaise, ont la force de remettre en cause les énormes marges des sociétés de la grande distribution et la pwofitasyon révoltante qu’elles réalisent sur le dos des classes populaires.

11 novembre 2024, Lydie Grimal