Nos vies valent plus que leurs profits

Palestine

L’accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël, signé le 27 novembre dernier, prévoyait le départ des forces israéliennes du territoire libanais au plus tard 26 janvier. Puis, à la demande de l’État sioniste, cette date avait repoussé au 18 février. Et finalement le gouvernement Netanyahou a fait savoir qu’au-delà de cette date, son armée conserverait « provisoirement » cinq sites stratégiques dans le pays, en violation de l’accord conclu. Ce n’est pas la première fois, ni la dernière, qu’Israël agit ainsi. Pour l’État sioniste (comme pour beaucoup d’autres d’ailleurs), comme le disait Bismarck, « la force prime le droit ».

À 87 %, les journalistes de la rédaction de la chaîne publique Franceinfo TV ont voté le départ de leur directeur, Laurent Delpech. Ils lui reprochent d’avoir, le 5 février dernier, organisé un débat où les invités discutaient des mérites comparés du plan avancé par Trump de transformer la bande de Gaza en « Côte d’Azur », en déportant deux millions de Palestiniens. Face aux réactions houleuses suscitées par cette émission, la chaîne a reconnu « une faute grave » et a supprimé la séquence. Mais le directeur est toujours là. Rappelons que fin janvier la même chaîne avait suspendu un journaliste pour avoir mis à l’écran un bandeau « 200 otages palestiniens libérés » dans le cadre des échanges entre Israël et le Hamas. Deux poids, deux mesures…

Le docteur Hussam Abu Safiya est un pédiatre qui dirigeait à Gaza l’hôpital Kama Adwan avant son arrestation en décembre dernier par les forces israéliennes après une opération visant l’établissement hospitalier. Il est actuellement détenu dans la prison d’Ofer, en Cisjordanie. Les autorités sionistes viennent de faire savoir qu’il avait été placé dans la catégorie des « combattants illégaux », une législation qui viole les conventions internationales sur les prisonniers de guerre et qui permet de le détenir en prison indéfiniment, sans procès et sans connaître les charges retenues contre lui. Son avocat, qui avait enfin pu le rencontrer cette semaine, a indiqué qu’il a été soumis à la torture et aux mauvais traitements dans les centres de détention israéliens. Ce qui n’étonnera plus personne.

Après plusieurs autres organisations professionnelles, c’est au tour du Comité de protection des journalistes (CPJ) de dresser un sombre tableau des professionnels des médias tués en 2024 dans l’exercice de leur métier. 124 journalistes ou employés de médias ont été abattus dans 18 pays, soit l’année la plus meurtrière depuis 30 ans que l’organisation réalise ce décompte. Sur ce nombre, 82 journalistes palestiniens ont été tués à Gaza et trois journalistes sont morts au Liban, « tous aux mains de l’armée israélienne », rapporte le CPJ. « La guerre à Gaza a un impact sans précédent sur les journalistes et témoigne d’une détérioration majeure des normes mondiales de protection des journalistes dans les zones de conflit », a souligné dans un communiqué la directrice générale de l’organisation basée à New York, Jodie Ginsberg. Et de conclure : « La stratégie consistant à accuser les journalistes de terrorisme sans fournir de preuves est de plus en plus adoptée par les régimes autoritaires comme par les pays prétendument démocratiques. » Bien vu !