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Palestine

Les États-Unis viennent d’opposer leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à l’arrêt des hostilités à Gaza. Le texte exigeait « un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties » et « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ». Il a recueilli 13 voix pour, une contre (les États-Unis), et une abstention (Royaume-Uni). Rappelons que depuis 1970 Washington a utilisé 35 fois (sur 39) son droit de veto sur une résolution concernant le conflit israélo-palestinien, à chaque fois pour ne pas gêner son allié sioniste dans ses opérations guerrières à Gaza, en Cisjordanie, au Liban ou ailleurs.

Paris a demandé « des comptes aux autorités israéliennes » après la démolition du centre de l’Association al-Bustan dans le quartier de Silwan, peuplé en majorité d’une population palestinienne. Soutenu et financé par le ministère français des Affaires étrangères et 21 collectivités locales de l’Hexagone, ce centre « a fourni à plus d’un millier d’enfants et de jeunes des activités culturelles, sportives ainsi qu’un soutien scolaire et psychologique essentiel », a expliqué le porte-parole du Quai d’Orsay. Et au-delà de cette protestation platonique ? Rien, comme d’habitude. Cette destruction s’inscrit dans la volonté du gouvernement israélien de « judaïser » les quartiers arabes de la ville en chassant la population d’origine. Un nettoyage ethnique qui se poursuit depuis des années.

Conclusion du dernier rapport de l’ONG Human Rights Watch sur la situation à Gaza : le gouvernement israélien commet un « crime de guerre » et un « crime contre l’humanité » en obligeant la population civile à se déplacer, sans lui apporter de solution sécurisée. Selon ce rapport, la stratégie de l’armée israélienne « semble également correspondre à la définition du nettoyage ethnique ». Et de noter les attaques généralisées et systématiques contre la population civile, la destruction de maisons, d’écoles, d’hôpitaux, du réseau d’eau potable, des centrales électriques, etc. De plus l’armée sioniste a systématiquement rasé des vergers, des champs, des serres et d’autres infrastructures civiles, faisant tout pour que les Palestiniens ne puissent plus rentrer chez eux. Enfin les recherches de l’ONG mettent en pièce l’argument avancé par les responsables israéliens selon lequel le déplacement des civils palestiniens serait nécessaire pour s’attaquer aux groupes armés palestiniens. Un réquisitoire de plus (fruit d’une enquête menée entre novembre 2023 et juin 2024) sur le génocide que subissent les Gazaouis avec la complicité de nos gouvernants.

À l’appel d’associations, de syndicats et partis politiques de gauche plusieurs milliers de personnes ont manifesté mercredi soir dans la capitale contre le gala organisé par l’association « Israel is Forever » (Israël est pour toujours) en soutien à l’armée israélienne et à la politique génocidaire du gouvernement Netanyahu. La présidente de l’association, l’avocate franco-israélienne Nili Kupfer-Naouri, a participé notamment au blocage de l’aide humanitaire pour les Gazaouis en déclarant, en outre, « qu’il n’y avait pas de population civile innocente à Gaza ». Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a cru bon d’autoriser la réunion, alors qu’il s’acharne à coup d’arrêtés contre les manifestations de soutien aux Palestiniens.

Le dernier rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme a mené une minutieuse vérification d’un décompte partiel des victimes – 8 119 sur plus 34 500 au total – pendant les six premiers mois de la guerre menée par Israël. Sur les décès vérifiés, 3 588 étaient des enfants, 2 036 des femmes et 2 495 des hommes. « Ce niveau sans précédent de morts et de blessés parmi les civils est une conséquence directe du non-respect des principes fondamentaux du droit international humanitaire », a accusé le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk et bat en brèche l’affirmation d’Israël selon laquelle ses opérations à Gaza ne visent que les combattants du Hamas. Le rapport souligne en effet que les décès vérifiés reflètent largement la composition démographique de la population générale gazaouie, et pas celle des combattants. Ce qui n’étonnera personne.