Une délégation exceptionnelle a accompagné Macron au Maroc. Artistes et sportifs étaient de la partie, mais aussi tous les PDG du fleuron industriel français venus vendre leurs projets.
L’objectif était clair : brosser le roi dans le sens du poil sur les sujets ayant causé des « tensions » avec lui. En plus de confirmer la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, Macron a également revu ses exigences à la baisse sur l’immigration, se contentant d’un accord sur le raccourcissement des délais d’expulsion dans le cadre des OQTF. Pourtant, son nouveau ministre de l’Intérieur avait annoncé qu’il serait intransigeant. Aucun accord chiffré n’a été passé, mais tout de même un engagement du gouvernement de Mohamed VI à coopérer.
La pilule a été facile à avaler, car la royauté marocaine a mis sur la table 10 milliards d’euros de contrats. Les entreprises françaises officieront dans plusieurs projets très lucratifs, dans le transport ferroviaire et portuaire, l’eau et l’hydrogène vert. Veolia a obtenu la construction de la deuxième plus grande usine de dessalement d’eau de mer au monde, enjeu capital vu l’avancée de la sécheresse en Afrique.
Des contrats vont aussi être passés dans le domaine de l’armement avec l’achat d’hélicoptères militaires. Cela est directement lié à la poursuite de la colonisation du Sahara. En effet, le changement de position de la France n’est pas juste une posture diplomatique, mais aussi un appui pour poursuivre la recherche de ressources naturelles… qui seraient ensuite exploitées par ces mêmes entreprises françaises.
Le Maroc a également entériné l’évolution de sa position sur Israël. Le président français a pu réaffirmer son soutien au génocide devant le Parlement marocain sans problème. Mais la « normalisation » des relations avec Israël n’est absolument pas majoritaire dans la population marocaine. Plusieurs manifestations ont eu lieu durant le séjour et ont été durement réprimées, un savoir-faire partagé avec la France.
Macron, si prompt à se présenter comme VRP de la République, n’a eu aucun mot pour dénoncer l’arrestation du défenseur des droits humains Fouad Abdelmoumni durant sa visite. Pas un mot non plus pour les 254 mineurs qui extraient du cobalt pour Renault et BMW à Bou-Azzer et qui sont en grève depuis cinq mois contre les conditions de travail inhumaines, l’exposition aux poussières toxiques et l’impact écologique de l’exploitation.
Le repas somptueux offert par le roi ne doit donc pas faire oublier la pauvreté à laquelle est condamnée la majorité de la population. La bourgeoisie marocaine n’a pas seulement reçu son homologue française avec classe, elle renoue un partenariat privilégié avec son ancien colonisateur, partageant avec lui le gâteau au détriment de ceux d’en bas.
11 novembre 2024, Fadma Assif