Nos vies valent plus que leurs profits

Nucléaire militaire : réactions en chaine

Le missile Bourevestnik, dont on pourrait traduire le nom par « pétrel », cet oiseau redouté des marins car annonciateurs de tempête, est une fusée à propulsion nucléaire dévoilée par Vladimir Poutine dans une vidéo le 26 octobre. Trump a répondu quatre jours plus tard que les États-Unis allaient reprendre leurs essais nucléaires, pour concurrencer l’armée russe mais aussi l’armée chinoise qui augmente de son côté son nombre d’ogives.

Le Bourevestnik était en développement depuis 2001. À l’époque, c’était une réponse au retrait des États-Unis d’un traité international de limitation des systèmes anti-missiles. L’administration Bush qui commençait ses guerres au Moyen-Orient voulait perfectionner ses boucliers aériens et Poutine, déjà au pouvoir en Russie, avait riposté par de nouveaux projets capables de contourner les défenses américaines. Il ne s’agissait pas de les utiliser effectivement à court-terme, mais de ne pas perdre, pour l’armée russe, sa force de dissuasion. L’équilibre de la terreur est un équilibre dynamique.

Vingt-quatre ans plus tard, ce nouveau missile peut voler plus longtemps et à plus basse altitude, grâce à son carburant atomique. Il serait donc en mesure de déjouer les systèmes de protection existants, même le « Golden Dome », le dôme d’or à plusieurs centaines de milliards de dollars voulu par Trump depuis son premier mandat. D’où les annonces du même Trump de relance du programme nucléaire, pour développer l’arsenal américain au même rythme que le russe.

Mais, au-delà du potentiel d’anéantissement bien réel de ces nouvelles armes, il y a surtout une guerre d’annonces. Les révélations fracassantes de Poutine arrivent opportunément après les sanctions infligées aux géants pétroliers russes par l’administration américaine. Dans le conflit ukrainien qui ne trouve d’issue ni d’un côté ni de l’autre, comme dans l’ensemble des négociations entre puissances impérialistes, les arguments nucléaires ont toujours un certain poids.

Le chef d’état-major des armées françaises, Fabien Mandon, y est allé de sa déclaration catastrophiste jugeant « l’atmosphère préoccupante ». Pour mieux justifier une augmentation des budgets d’armement ? Car c’est bien de cela dont il s’agit en France comme ailleurs, d’attiser la peur bien légitime du feu nucléaire pour justifier tous les raidissements militaristes. Rajouter des machines de mort aux machines de mort, dans l’espoir qu’aucune d’entre elles ne soit utilisée mais en faisant courir le risque de la dévastation à l’humanité toute entière, c’est la logique destructrice et absurde du capitalisme.

Bastien Thomas