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Polluants éternels (PFAS), risques industriels, changement climatique : la position du NPA-Révolutionnaires Elbeuf

Plusieurs médias ont alerté dernièrement l’opinion sur des rejets en quantité anormalement élevée de TFA, un polluant éternel de la famille des PFAS, par l’entreprise BASF, située à Saint-Aubin-lès-Elbeuf.

Depuis l’enquête publiée en 2023 par un ensemble de médias dont le journal Le Monde et 17 autres médias, on ne peut plus ignorer l’ampleur de la pollution et les dangers pour la santé résultant de la production et de l’utilisation des PFAS – substances per- et polyfluoroalkylées –, un ensemble de milliers de composés chimiques dont les propriétés empêchent la dégradation naturelle, d’où leur appellation de « polluants éternels ».

Les PFAS présentent des propriétés chimiques exceptionnelles : antiadhésifs, imperméabilisants, anti-taches, résistance aux chaleurs extrêmes, isolants…, etc. Depuis les années 1950, ils sont donc largement utilisés dans de nombreux produits du quotidien : cuirs et textiles imperméables, emballages alimentaires, revêtements antiadhésifs (poêles en téflon), semelles de fer à repasser, cosmétiques, mousses anti-incendie… ils permettent aussi d’améliorer l’efficacité des pesticides utilisés dans l’agriculture.

En raison de leur mobilité et de leur persistance remarquables, les PFAS s’accumulent partout : dans l’air, dans l’eau, la terre, les déchets… et donc aussi les êtres vivants. Avec des conséquences graves en termes de santé : cancers, infertilité, toxicité pour le rein, le foie ou encore le système immunitaire… Leur élimination apparaît donc aujourd’hui comme une des priorités de santé publique, à l’échelle de l’humanité toute entière. Mais les réglementations, en particulier européennes et françaises, à ce sujet restent encore assez embryonnaires, notamment du fait du lobbying des industries concernées, qui connaissent pourtant le danger depuis les années 1960.

Pour le NPA-R le combat nécessaire pour l’interdiction à terme de toute production et utilisation de ces PFAS, ainsi que pour la réparation des dégâts dont ils sont à l’origine, doit s’articuler autour de quelques idées fortes.

  1. L’exigence de la transparence, au moyen d’enquêtes indépendantes de celles des industriels eux-mêmes, mais néanmoins financées par eux. Cela suppose notamment la levée du secret industriel, au travers d’une bataille pour le contrôle des salariés de la filière sur tout le processus de production, en lien avec la population.
  2. La mise en œuvre de mesures contraignantes et dissuasives vis-à-vis des industriels concernés, couplées à des sanctions pénales exemplaires, afin qu’ils arrêtent de jouer avec notre santé et celle de leurs propres salariés, premières victimes du danger.
  3. Ce n’est pas aux salariés de la filière ni à la population en général de payer les frais de ce scandale sanitaire et environnemental. Et face au chantage à l’emploi agité par le patronat dès la moindre tentative de réglementation, il est indispensable d’articuler des revendications prenant en charge à la fois les intérêts du monde du travail et ceux de la population en général :
    • le maintien intégral, aux frais du patronat de la filière, de l’emploi et des rémunérations de leurs salariés le temps des reconversions nécessaires dans le cadre d’un processus devant aboutit à l’interdiction définitive des PFAS ;
    • la poursuite des fautifs, et la réparation, à leur charge, des dommages déjà causés à la santé et à l’environnement ; la prise en charge à leurs frais des recherches en matière chimique et technique, ainsi que la mise en place des moyens nécessaires à l’élimination totale des rejets (y compris anciens) de tous les produits dangereux.
  4. La dimension nécessairement anticapitaliste et internationaliste de la question. Parce que le problème concerne l’humanité tout entière et que ce serait une folie de laisser plus longtemps de tels secteurs d’activité gouvernés par la loi du profit. D’autre part parce qu’aucune confiance ne peut être accordée aux structures étatiques du monde capitaliste pour défendre jusqu’au bout les intérêts du monde du travail et des populations.

De la lutte pour l’expropriation des secteurs de l’énergie, de la chimie et autres, pour retirer son pouvoir de nuire à la classe capitaliste, à la mise en place d’une planification démocratique ayant pour priorité la satisfaction des besoins humains-sociaux tout en tenant compte des enjeux environnementaux c’est bien d’une révolution qu’il est question.

NPA-Révolutionnaires, Elbeuf, février 2025