Nos vies valent plus que leurs profits

PSA Mulhouse : une rentrée sous tension

Depuis le retour des congés, les démissions d’intérimaires se multiplient du fait des bas salaires et des conditions de travail toujours plus insoutenables, à tel point qu’à plusieurs reprises, au montage, les chaînes n’ont pu démarrer qu’après plusieurs dizaines de minutes, tellement il y avait de postes non couverts.

Ça n’est bien sûr pas du goût de la direction, qui est l’unique responsable de cette situation et qui met la pression à la moindre seconde d’arrêt de ligne. Résultats : des chefs mis sur poste, des moniteurs ainsi que des intérimaires qui étaient sur d’autres postes en formation, avec comme conséquence un nombre toujours croissant de véhicules à retoucher qui s’entassent sans fin sur les parkings.

De même, c’est maintenant devenu la norme, le flux tendu est poussé à l’extrême. La moitié de l’année, nous sommes sous la menace d’annulation de séances de travail avec la mise en place d’un numéro vert qu’il faut appeler chaque jour pour savoir s’il faut venir travailler le lendemain, voire quelques heures plus tard. Pour le patronat, tout a un coût, y compris les stocks. Et comme ce sont les travailleurs, en tant que contribuables et en tant que salariés cotisants, qui payent les journées non travaillées, c’est tout bénef pour lui. Au moindre problème d’approvisionnement chez un fournisseur, c’est chômé. Résultat : des salaires réduits pour les embauchés et c’est encore pire pour les intérimaires.

Il y a un an déjà, la direction avait mis des mois pour trouver et stabiliser son effectif d’intérimaires (1 500, dont 1 200 sur le montage), qui viennent pour beaucoup d’Afghanistan, du Soudan, d’Ukraine, du nord de la France et, bien sûr, des quartiers les plus populaires de Mulhouse. Car déjà à ce moment-là, du fait des cadences et des payes rognées par des successions d’annulations de séances, certains quittaient l’usine après quelques jours, voire quelques heures seulement.

Désormais, les travailleurs ont droit aux appels téléphoniques des agences d’intérim pour leur dire qu’il y aura « zéro tolérance pour l’absentéisme »… Mais la pénurie de personnel est telle que des intérimaires voient leur contrat prolongé indépendamment du nombre de retards, d’absences ou de sanctions.
Objet de colère également ces dernières semaines, en plus des cadences infernales et de la canicule, l’application de l’« overtime », un rallongement d’horaire quasi quotidien, qui se traduit par une augmentation du temps de travail en tournée d’après-midi ou par une réduction du temps de pause repas en tournée du matin. À plusieurs reprises depuis la rentrée, la direction a dû reculer sur ces rallongements d’horaires face à la menace de grève de secteurs entiers, y compris des intérimaires qui s’étaient déjà fait entendre sur les salaires il y a quelques mois dans de nombreux sites du groupe.

Des jours chômés, d’autres rallongés, des conditions de travail déplorables, face au mépris grandissant de la direction, de plus en plus de travailleurs prennent conscience qu’il n’y a que le rapport de force pour se faire respecter.

Correspondant

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 5, septembre 2023)