On croit rêver : mercredi 22 octobre, c’est bien un prêtre qui a apporté sa « bénédiction » lors d’une cérémonie de fin de chantier du nouveau téléphérique du Val-de-Marne qui sera mis en service mi-décembre. Tout ceci, sous les yeux tolérants, si ce n’est complices, de l’autorité organisatrice des transports parisiens, organisatrice des transports parisiens, Île-de-France Mobilités, dirigée par Valérie Pécresse. Après les accidents tragiques du téléphérique de Lisbonne cet été, ou celui du train en Grèce en 2023, ce n’est pas aux « Cieux », mais plutôt à de réels moyens pour les transports et leur entretien qu’il faut s’en remettre. Quoi qu’il en soit, cet évènement nous rappelle que la « laïcité » brandie par les patrons ou les pouvoirs publics est un outil politique (ou managérial) à géométrie variable.
À la RATP, la nouvelle campagne de « laïcité » et de « neutralité » engagée depuis cet été dans certains dépôts de bus, ateliers ou lignes de métro pilotes, propose d’aider managers et salariés à déceler tous les comportements ou signes religieux, mais surtout quand il s’agit de l’islam. Pire, on peut lire dans certaines affiches de la campagne destinée aux agents que l’une des marques de laïcité-neutralité est de « parler français ». Rien à voir avec la religion, mais beaucoup en revanche avec la xénophobie !
Ce « deux poids, deux mesures », à la RATP comme ailleurs, est révélateur : la laïcité de ceux qui envoient les curés bénir des équipements de transport public n’est que le masque de leur racisme dirigé contre les musulmans (ou assignés tels), partie intégrante de l’offensive contre tous les travailleurs, quelles que soient leurs origines ou religions supposées. Car pendant qu’on bénit les cabines, qu’on recolle tous les vestiaires d’affiches pleines de fiel raciste, on découpe la RATP en lots au nom de l’ouverture à la concurrence pour mieux attaquer les conditions de travail !
La lutte contre les obscurantismes, et donc contre toutes les extrêmes droites, religieuses ou non, n’est pas un combat que l’on peut remettre dans les mains de nos patrons ou de nos gouvernements. Ne laissons pas un seul d’entre nous faire les frais des politiques racistes !
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