Nos vies valent plus que leurs profits

Résolution adoptée par le CPN du NPA-Révolutionnaires des 10 et 11 mai 2025

Nous ne répétons pas ici les termes de la résolution adoptée lors du précédent CPN il y a quatre semaines, qui restent pour l’essentiel d’actualité et continuent de déterminer notre orientation pour les jours à venir. Ces quelques remarques ont pour but d’actualiser certaines des discussions.

Situation internationale

Les droits de douane, un outil de chantage politique dans une tentative américaine de redéfinir les règles de l’ordre impérialiste mondial

Le CPN des 4 et 5 avril s’est tenu deux jours après le fameux « Liberation Day » qui a vu Trump prétendre imposer des droits de douane faramineux à tous les pays du monde (à l’exception de la Russie, de l’Iran et de la Corée du Nord). Si la résolution adoptée le 5 avril dénonçait bien sûr le fait que les capitalistes de tous les pays tenteraient de faire payer les frais de cette guerre commerciale aux travailleurs, elle était à juste titre prudente sur la signification du geste de Trump. Il n’a pas fallu attendre huit jours pour que l’essentiel de ces « tarifs » soient repoussés de trois mois – s’ils ne sont pas purement et simplement annulés. Une grande partie de la bourgeoisie américaine représentée par Wall Street a fait valoir son mécontentement auprès de son commis qui a reculé. Le grand capital aimait la promesse de Trump de déclarer une guerre sociale et commerciale tous azimuts mais a, semble-t-il, retoqué la méthode. Demeurent une taxe universelle modeste de 10 % sur les biens manufacturés entrant aux États-Unis et des droits de douane faramineux de 145 % sur les importations chinoises, l’équivalent d’un embargo commercial. Ceux-ci ont été néanmoins déjà largement amendés quelques semaines plus tard avec l’exemption des produits de consommation high-tech (smartphones et ordinateurs).

La discussion est ouverte sur l’impact économique de ces droits de douane, voire sur leur rationalité. Mais nous ne sommes pas là pour ajouter des pronostics hasardeux à toute cette littérature. Les taxes aux frontières sont maniées par Trump comme un outil de chantage politique. Elles sont l’expression d’un rapport de force qu’il prétend imposer, d’un bras de fer qu’il engage, qu’il n’est pas certain de gagner et qui pourrait produire des effets très différents du but recherché.

L’administration Trump a déclaré que des négociations bilatérales avaient été engagées avec des dizaines de pays. Ses revendications dépassent largement le cadre « économique » : demande de subventions à l’implantation ou au maintien de bases militaires américaines, engagements à continuer de financer le Trésor américain, ou encore à fournir des matières premières critiques. Ainsi que des pressions plus spécifiques : sur le Canada où la menace baroque d’annexion par les États-Unis a enclenché un regain de nationalisme et a permis au parti de Trudeau, qui a gouverné au service des capitalistes depuis une dizaine d’années, d’éviter l’alternance (et où tout le poids de la guerre commerciale pèse sur les ouvriers notamment ceux des usines automobiles en pleine incertitude) ; sur le Mexique pour qu’il renforce la police aux frontières contre son propre peuple ou encore qu’il combatte le trafic de fentanyl qui fait des ravages aux États-Unis, etc.

L’essentiel de la pression s’exerce contre la Chine, avec une tentative de « containment » (endiguement, expression reprise de la guerre froide) de la deuxième puissance capitaliste. Les négociations en cours avec des pays tiers pour alléger les menaces tarifaires, ou du moins ce qui en filtre, semblent le confirmer. Ainsi Peter Navarro, conseiller de Trump pour le commerce et l’industrie, a déclaré au Financial Times le 8 avril : « Nous attendons de pays comme le Cambodge, le Mexique et le Vietnam qu’ils cessent de permettre à la Chine d’échapper aux barrières douanières américaines en l’autorisant à exporter sa production à partir de chez eux. » (Cité par Le Monde diplomatique de mai 2025). L’Italie de Meloni (dont les convergences avec Trump ne sont pas seulement idéologiques, puisqu’en plus d’accueillir neuf bases militaires américaines, elle assemble les F-35 et autres hélicoptères et frégates made in USA), s’est engagée, non seulement à augmenter ses commandes de gaz naturel liquéfié américain mais aussi à « un nouvel accord d’intégration économique avec l’Inde et certains pays du Golfe, Israël et les États-Unis pour contrer le projet de “nouvelles routes de la soie” chinois » (Le Canard enchaîné, 30 avril 2025).

Le chantage de l’impérialisme dominant s’exerce sur toute la planète mais vise un concurrent en particulier. Face à cette pression, la Chine réplique de manière réciproque sur les droits de douane et tente de desserrer l’étau en se présentant comme défenseur d’une mondialisation « multilatérale » régulée par les institutions internationales que sont l’ONU et l’OMC. Mais les résolutions ou décisions de ces organisations restent des vœux pieux lorsqu’elles ne vont pas dans le sens des intérêts de la puissance dominante – sous l’égide de laquelle ces institutions ont été conçues.

L’escalade commerciale se double par ailleurs d’interdictions pures et simples d’exportation vers la Chine de certains produits – en particulier des semi-conducteurs les plus performants dont une liste de modèles avait été bannie par Biden, liste récemment allongée par Trump. Une des seules entreprises capables de les produire, TSMC, se situe à Taïwan, territoire revendiqué par la Chine. C’est un des nœuds où la guerre commerciale présente un risque de se transformer à terme en guerre tout court.

Le bras de fer entre la Chine et les États-Unis connaît donc une nouvelle escalade. Ce qui n’implique pas encore une rupture diplomatique et commerciale totale mais des négociations partielles qui permettront de tester la volonté et l’unité de chacune des deux parties – une fraction du patronat américain menée par Apple a déjà obtenu que Trump lève les droits de douane sur toute l’électronique grand public, qui représente plus de 20 % des exportations chinoises vers les États-Unis.

Après le « derisking » de Biden (qui prétendait limiter les relations commerciales avec la Chine aux seuls domaines non stratégiques et non essentiels), Trump va-t-il s’engager encore plus avant dans le « decoupling » entre les États-Unis et la Chine ou maintenir le statu quo qui profite à de larges secteurs de la bourgeoisie américaine ? La bourgeoisie chinoise va-t-elle se voir contrainte de négocier une forme de reddition coûteuse et dont le prix l’exposerait à de lourds dangers sociaux face à une classe ouvrière nombreuse et cultivée ? Ou parviendra-t-elle à rallier une partie du monde capitaliste dit « émergent » à sa propre zone d’influence économique comme elle a commencé à le faire avec les Brics ou les nouvelles routes de la soie – augurant un possible retour à un monde impérialiste partagé en zones étanches et séparées comme avant 1945 ?

Ce qui semble acquis est que Trump tente un « coup » avec l’appui de larges fractions de la bourgeoisie américaine, qui, certes, le freinent quand il va trop loin, mais ne semble pas pour l’instant le désavouer totalement. Nous avons comparé dans un dossier récent à l’annonce unilatérale de Nixon d’abandonner la parité dollar-or en 1971, qui avait fondé l’ordre impérialiste mondial d’après-guerre construit notamment à Bretton Woods en 1944, suivi quelques années plus tard par le « choc Volker » de hausse brutale des taux d’intérêts, provoquant volontairement une vague de faillites et un chômage de masse pour imposer un recul des salaires et des conditions de travail, mais aussi une cascade de crises des dettes dans le monde, permettant à l’impérialisme américain de sortir de la crise avec une position dominante renforcée et de faire accoucher dans la violence un nouvel ordre impérialiste basé sur la circulation rapide des capitaux via la finance, une réorganisation des chaines de production mondialisées et sur une accélération exponentielle du commerce mondial.

Cette phase, qui dure depuis la fin des années 1970 et semble arriver à son terme, que certains auteurs qualifient à tort de « néo-libérale », a connu l’intégration des anciennes colonies au marché mondial, le développement capitaliste de l’Asie, dont la Chine, et a été couronnée et favorisée, du point de vue impérialiste, par la chute de l’URSS. Elle a été une phase d’intensification de l’exploitation, de large croissance de la classe ouvrière, de pillage des pays pauvres sous la pression de la dette ainsi que de dépeçage de l’ancien bloc soviétique. La crise financière de 2008 a exposé les contradictions de cette forme de l’accumulation capitaliste et les effets de cette crise et de ses « remèdes » (dont le sauvetage des banques par les fonds publics et les multiples crises de la dette que cela a engendré) n’en finissent pas de produire des secousses politiques et économiques.

Si l’impérialisme américain dominant a capté la majorité de la valeur produite durant ces cinquante dernières années, son poids économique et politique a reculé de manière relative (mais pas de déclin absolu) au sein du monde capitaliste (désormais étendu à toute la surface du globe). Un impérialisme concurrent a émergé, la Chine, qui n’arrive qu’à la cheville des États-Unis, mais qui est lui-même loin devant les autres économies impérialistes (sa position de second vient aussi de l’incapacité des bourgeoisies européennes d’unir le continent qui reste, malgré une monnaie et un marché partiellement communs, divisé politiquement et économiquement). Un solide « second », à même d’imposer un rapport de force dans certains secteurs économiques (terres rares, véhicules électriques…) et un rapport de force militaire régional – même s’il est très loin de prétendre contester l’hégémonie militaire, économique et financière des États-Unis.

L’impérialisme dominant n’a jamais toléré ce genre de concurrence même limitée – qu’elle vienne de l’Allemagne hitlérienne qui prétendait unifier l’Europe ou du Japon impérial qui prétendait soumettre la Chine. Le face-à-face actuel avec la Chine est souvent comparé à la guerre froide. Mais la Chine n’est pas l’URSS. Ce n’est pas un État ouvrier dégénéré mais un État capitaliste désormais avancé qui cherche à étendre ses marchés (c’est-à-dire l’exploitation et le pillage par ses grands groupes capitalistes) en dehors de ses frontières. Il est en position de faiblesse par rapport aux États-Unis (son budget militaire annuel ne s’élève qu’à un tiers de celui des États-Unis par exemple – un chiffre annuel qui ne représente pas le retard historique accumulé) bien que la stratégie d’endiguement de son adversaire pourrait le pousser à prendre l’initiative d’un conflit armé (contre Taïwan ou bien pour prendre possession de certaines îles de mer de Chine).
La tentative revendiquée des États-Unis d’imposer un nouvel ordre mondial qui protège leur hégémonie rebat les cartes et renforce l’instabilité de la période. Chaque État tente de s’imposer régionalement dans cette redéfinition des rapports de force. D’où l’augmentation record des budgets militaires (+20 % cette année) et le nombre record de conflits armés et de morts dans ces conflits depuis la fin de la guerre froide. L’affrontement entre l’Inde et le Pakistan illustre cette tendance à des conflits « inter-étatiques » – où se mêlent les luttes légitimes contre les oppressions nationales (comme au Cachemire), la concurrence entre puissances capitalistes régionales et des affrontements par procuration entre puissances impérialistes (Chine et États-Unis). Le « droit international » fait les frais de cette période de redéfinition des rapports de force, illustré par l’incapacité totale des institutions internationales à imposer quelque décision – Poutine ou Netanyahou sont sous mandat d’arrêt de la CPI mais circulent un peu partout dans le monde.

Si Trump aime à faire étalage de sa puissance, il a tout de même vendu ses « tarifs » comme une forme de protection de l’emploi industriel sur le territoire américain. Des dirigeants syndicaux ont appuyé cette mise en scène en apparaissant en tenue de travail (qu’ils n’avaient pas dû porter depuis longtemps) dans les jardins de la Maison-Blanche le jour du « Liberation Day ». La direction de l’UAW, le syndicat de l’automobile qui a dirigé les grèves massives pour les salaires l’an dernier, appuie politiquement cette hausse des droits de douane (avec le même genre de réserves que la CGT ici qui parle de protectionnisme « solidaire ») au nom de la lutte contre le dogme du libre-échange. C’est un double piège. Non seulement une politique protectionniste ne protègerait pas les travailleurs mais les profits. Mais en plus les « tarifs » de Trump ne sont pas, ou pas essentiellement, du « protectionnisme ». Il s’agit d’un outil de chantage politique pour exiger des contreparties d’États en position de subordination. Trump ne veut pas rapatrier l’industrie textile du Vietnam aux États-Unis, mais imposer à l’État vietnamien qu’il serre la vis aux travailleurs de son territoire et diminue ses relations avec la Chine.

Aux États-Unis comme ici, les bureaucraties syndicales sont gangrénées par le nationalisme. C’est dans leur nature d’appuyer leur propre bourgeoisie dans son redéploiement impérialiste. À l’inverse, nous combattons le nationalisme et nous dénonçons toutes les tentatives d’y intéresser les travailleurs en dénonçant les manœuvres impérialistes et en particulier celles de notre bourgeoisie.

La guerre sans fin contre le peuple palestinien

Depuis qu’il a rompu unilatéralement le cessez-le-feu, l’État d’Israël soumet la population de Gaza à une pression considérable : bombardements, utilisation de la famine comme arme de guerre, occupation militaire de l’enclave. La reprise de la guerre a été encouragée par Trump, de même que l’accélération de la colonisation de la Cisjordanie. Israël comme les États-Unis continuent de bombarder le Yémen. Israël a piétiné les conditions du cessez-le-feu au Liban et ne s’est pas retiré du sud du pays. Il profite des divisions sectaires entretenues par le nouveau pouvoir islamiste en Syrie pour intensifier sa pression militaire sur ce pays, en concurrence avec la Turquie. Israël continue de menacer l’Iran, bien que la reprise de négociations sur le nucléaire avec les États-Unis semble avoir momentanément calmé ses ardeurs.

Certains gouvernements européens ont protesté (mollement) contre la reprise des massacres à Gaza, à l’image de Macron qui s’est rendu à la frontière en compagnie d’al-Sissi et qui a parlé (sans s’engager) d’une éventuelle future reconnaissance d’un État palestinien (lorsque cette perspective sera définitivement enterrée ?). Les mêmes n’ont pas hésité à proposer une aide pour contenir les feux autour de Tel Aviv mais se disent incapables d’aider à briser le blocus humanitaire de Gaza.

Renforcé par le blanc-seing américain, Israël se permet d’attaquer un navire humanitaire dans les eaux internationales. Netanyahou joue aujourd’hui le rôle de sous-traitant « de rang 1 » des États-Unis dans la région, comme puissance militaire dominante capable de projeter sa force sur le territoire de ses voisins. Netanyahou et derrière lui l’ensemble des forces politiques de l’échiquier institutionnel israélien constatent que rien ni personne ne limitera leur volonté d’en finir avec le peuple palestinien. Ni les États impérialistes, ni les dictatures arabes qui en sont les complices.

La poursuite de ce massacre génocidaire sans fin commence à susciter des réactions de la population israélienne. Des milliers de manifestants ont défilé pour l’arrêt des massacres en brandissant des photos, non pas des otages, mais de jeunes victimes palestiniennes. Des réservistes refusent de servir par centaines. Ce réveil, même tardif, est porteur de perspectives. Le peuple palestinien, malgré les massacres, continue de revendiquer son existence et sa terre – il sait d’expérience que tout recul, tout exil bien que forcé risque d’être définitif.

La répression qui continue de s’abattre dans les pays occidentaux contre les soutiens au peuple palestinien, en particulier aux États-Unis, en Allemagne et en France, affaiblit mais n’étouffe pas le mouvement. Alors que l’ONU comme la Cour pénale internationale affichent chaque jour leur impuissance, la solidarité internationaliste des travailleurs et travailleuses du monde entier est le seul point d’appui à cette lutte légitime des Palestiniens pour leurs droits nationaux. C’est pourquoi continuer à construire les manifestations de solidarité avec le peuple palestinien, sur l’axe internationaliste que nous avons défendu depuis le 7 octobre, constitue une de nos tâches centrales dans la période.

Ukraine : guerre sans fin ou intensification avant négociations ?

Les pressions de Trump, les rodomontades de Macron, Merz et Starmer n’empêchent pas les combats en Ukraine de s’intensifier – sur la ligne de front, mais aussi avec les bombardements de grandes villes ukrainiennes, qui ne font que des victimes civiles.

La seule chose tangible obtenue par Trump est d’avoir officialisé le racket de l’Ukraine en extorquant la signature de l’accord sur les terres rares. La guerre continue à s’installer dans la durée, sans qu’on sache s’il s’agit d’une guerre sans fin ou de la préparation de la fin de la guerre où chaque belligérant chercherait à obtenir la meilleure position possible dans le cadre de la négociation d’un accord de paix. Les États-Unis se disent prêts à des concessions, comme la reconnaissance (certes symbolique) du rattachement de la Crimée à la Russie, tandis que leurs alliés européens continuent d’exiger que la Russie renonce à sa zone d’influence. Mais tous se gardent de souhaiter ou d’encourager la chute du régime de Poutine, trop utile à l’ordre impérialiste. Ce régime n’a pas été réellement affecté par la poursuite de la guerre, au contraire pourrait-on dire. Quant à l’économie capitaliste russe, si elle a été affectée, les nombreux contournements mis en place – et que l’impérialisme occidental a laissé mettre en place – n’ont pas conduit à l’effondrement annoncé.

La situation de guerre économique et d’alimentation de la guerre par les impérialismes occidentaux n’est pas près de se terminer, même si de réels pourparlers de paix étaient mis en place. La nouveauté est que Trump tente de renégocier le partage des rôles entre les États-Unis et l’Union européenne dans la prise en charge économique et militaire de la pression contre la Russie. Macron, tout en restant sous l’aile de « l’allié américain », tente de jouer sa partition en s’affirmant comme leader d’un prétendu « bloc européen ». Mais pour l’instant, aucun accord ne semble émerger entre les différents États européens : le seul point sur lequel tous sont d’accord, c’est l’augmentation des budgets militaires, conformément à la consigne donnée par Trump. Les bourgeoisies russes comme européennes font peser le prix humain et social de ces affrontements au long cours sur les classes populaires.

Troupes russes hors d’Ukraine, troupes de l’Otan hors d’Europe de l’Est et du reste du monde, et à bas le militarisme des puissances européennes, notamment de la France.

L’instabilité provoque des réactions populaires, ouvrières et dans la jeunesse qui sont porteuses de perspectives

L’affrontement social le plus significatif ces derniers mois a eu lieu en Turquie. Parce qu’il se sentait encouragé à la fois par l’élection de Trump et par son succès en Syrie, Erdoğan a tenté de se débarrasser de son principal concurrent. Il s’est heurté à une réaction populaire massive, y compris dans des villes favorables à l’AKP. Le CHP a tenté de canaliser la mobilisation en limitant les mots d’ordre à la défense de « l’état de droit », ses objectifs à des élections anticipées de quelques mois et ses moyens à des protestations symboliques espacées. Mais la jeunesse a largement débordé ce carcan, avec des occupations de lycées et d’universités et des manifestations de masse. La répression d’État ainsi que la temporisation du CHP (et du PKK pour d’autres raisons) permettent pour l’instant à Erdoğan de contenir le mouvement, qui, d’après nos informations partielles, n’a pas encore touché des bastions importants de travailleurs – ce qui ferait basculer la situation d’autant que les manifestants dénoncent une situation sociale révoltante qui sous-tend cette révolte contre l’autoritarisme du régime.

La jeunesse est aux avant-postes depuis des mois en Serbie avec un mouvement d’occupation des facs soutenu par de larges secteurs de la population travailleuse, y compris ouvriers. La répression s’est intensifiée depuis mars mais rien ne vient à bout de ce mouvement qui a déjà coûté son poste à un Premier ministre. Les étudiants s’organisent en assemblées générales ou « plenums ». Ces cadres ont diffusé en partie au-delà des facs. Sous la bannière de la démocratie directe, des « plenums » de quartiers, d’enseignants, ou de parents d’élèves se réunissent. Pendant la grève des enseignants, qui a pris fin ces dernières semaines, ils ont de fait pris la place des syndicats. Très peu du goût du président Vučić, qui a traité les « plenums » de cadres « obsolètes et bolchéviques ». Peut-être bolchéviques, mais loin d’être obsolètes !

À noter que sur le plan international, ni la Russie de Poutine avec laquelle Vučić affiche une certaine proximité politique, ni les responsables de l’Union européenne vers laquelle des manifestants regardent, n’accordent d’appui à ce vaste mouvement. Les responsables du monde impérialiste n’aiment pas ce qui bouge !

En Grèce aussi l’incurie des gouvernements au service des riches et des capitalistes a provoqué un mouvement d’ampleur historique. L’irresponsabilité de la bourgeoisie y est pointée du doigt. La reprise économique après dix ans de crise profonde n’y est pas pour rien : les profits ont repris des couleurs mais les salaires et les services publics sont toujours au plus bas. Cette relative confiance retrouvée du côté des travailleurs s’est traduite par une journée de grève générale le 28 février, certes isolée, mais la plus suivie depuis la chute des colonels. Une nouvelle journée appelée début avril sur des revendications salariales a été moins suivie, mais la situation ouverte par cette lutte politique peut inaugurer un cycle de luttes – c’est en tout cas le pari de nos camarades de l’OKDE-Spartakos qui interviennent dans ce mouvement.

La grève marque l’actualité aussi en Belgique. Les grèves sectorielles, soigneusement dispersées par les directions syndicales, succèdent aux journées d’action qui appellent des secteurs plus larges à l’action mais qui restent ponctuelles : 29 mars, puis 4 avril, puis 29 avril, avec un prochain rendez-vous qui n’est pas encore fixé mais ne sera pas avant fin mai. Face à un gouvernement de combat dirigé par l’extrême droite, qui s’attaque en même temps à la retraite et à l’assurance chômage, les grèves massives laissent entrevoir la possibilité de gagner – à condition de se dégager de la stratégie perdante du « dialogue social ». Notons, et ce n’est pas une surprise, que les syndicats prônent la collaboration de classe quelle que soit la couleur politique du gouvernement, y compris s’il est d’extrême droite.

Moins de trois mois après l’arrivée de Trump au pouvoir, les États-Unis ont connu leurs premières manifestations de masse le 6 avril. Plus d’un million de personnes sont descendues dans la rue aux cris de « Hands off » (« Bas les pattes ! ») Pas touche aux services publics, pas touche aux fonctionnaires, pas touche aux travailleurs immigrés, pas touche aux jeunes des universités qui défendent le peuple palestinien… Si les manifestations étaient largement encadrées par des ONG liées au Parti démocrate dont la seule perspective est de remporter les midterms de 2026, elles montrent un chemin pour sortir de la sidération générée par le bruit et la fureur trumpiens. Des manifestations ont lieu tous les week-ends depuis, ainsi que des réunions associatives et politiques pour organiser une forme de riposte. Au niveau politique, c’est la gauche du Parti démocrate avec un Sanders sorti de la naphtaline pour capitaliser la colère et la rage de la jeunesse au profit de l’appareil démocrate. Mais ces manœuvres peuvent échouer tant le rejet de Biden est marqué et mérité.

Trump n’a pas encore gagné, aucune de ses mesures n’est irrévocable et il n’a pas infligé de défaite politique significative au monde du travail. Les affrontements sont devant nous – pour reprendre la conclusion du dernier édito de nos camarades de Speak Out Now, qui donne une idée des perspectives qu’ils mettent en avant dans leurs interventions dans ces manifestations et regroupements : « Ni les tribunaux, ni les démocrates – aucune force extérieure ne viendra nous sauver. Nous devons mobiliser nos propres forces à une échelle jamais vue depuis des générations pour mettre un terme à ces attaques. Et nous ne pouvons pas nous contenter de nous opposer à Trump. Nous devons nous battre pour renverser tout leur système capitaliste dirigé par les milliardaires, que Trump défend. Une ligne dans le sable est en train d’être tracée, et nous avons la majorité des gens de notre côté. L’avenir dépend de nous. »

Ces questions seront au cœur de la conférence de Paris du 17 au 19 mai prochain. Plus de quarante organisations seront présentes ou ont contribué par des textes. Cela représente des efforts militants qui ne sont en rien du temps perdu, car ils nous aideront à élaborer au contact d’autres traditions et points de vue du mouvement révolutionnaire. Une habitude de travail collectif qui permet d’avancer vers un pôle des révolutionnaires.

2. Situation intérieure

Situation

Le gouvernement Bayrou-Macron veut donc désormais nous racketter de 40 milliards d’euros supplémentaires en 2026. D’ores et déjà, une circulaire a été envoyée à tous les ministères pour leur annoncer une baisse des crédits et des effectifs. Enfin, pas à tous, parce que pour l’armée, Bayrou a annoncé trois milliards supplémentaires. Toutes les aides issues de la crise sanitaire ainsi que celles instaurées suite à la flambée des prix de l’énergie seraient également supprimées. Mais évidemment, pas les aides destinées au patronat. Bien au contraire, puisque le gouvernement a, sous le nom d’APLD-Rebond, rétabli une partie des subventions aux entreprises du temps du Covid suivant lesquelles c’est l’État et l’Unédic qui prennent en charge les salaires des travailleurs plongés dans le chômage partiel. Dans une interview au JDD du 4 mai, Bayrou annonce sans tourner autour du pot la diminution du nombre de fonctionnaires et qu’il souhaite soumettre son plan de guerre sociale… à un référendum ! Il ne sait visiblement plus quoi inventer pour tenter de se rendre intéressant…

S’il semble assuré désormais de passer l’été parce que ni le RN ni le PS n’ont intérêt à cette heure à précipiter sa chute, l’avenir de Bayrou à Matignon reste incertain. L’affaire Bétharram, bien significative de ce milieu bourgeois intégriste, est une épée de Damoclès, que les partis de l’Assemblée qui le soutiennent jusque-là peuvent utiliser à tout moment pour le faire tomber. La macronie prépare déjà l’après-Bayrou, ce sera un Lecornu, un Attal ou un autre, peu importe, l’essentiel étant d’avoir, pour faire passer cette politique de guerre sociale, l’accord tacite du RN ou celui du PS pour lesquels désormais le seul point de mire qui en vaut la chandelle est la présidentielle de 2027. D’ici là, Le RN devra avoir fait son choix entre une Marine Le Pen potentiellement définitivement inéligible et un Jordan Bardella « prêt à la remplacer », et le PS avoir choisi un nouveau dirigeant capable d’en finir définitivement avec la séquence « NFP » avec l’ambition de renouer avec le leadership au sein de la gauche institutionnelle.

Du côté de ceux qui peuvent paraître encore comme parlant au nom du monde du travail et des classes populaires, que ce soient les directions syndicales ou LFI et le PCF, rien de ce qui est raconté ou mis en œuvre ne constitue la moindre aide pour conjurer la catastrophe sociale. LFI s’accroche à la menace de la censure, alors qu’après Barnier, on a eu Bayrou. Le PCF de Roussel se roule dans la fange du « consommons et produisons français ». La dirigeante de la CGT, Sophie Binet, a, elle, l’art de battre certains records de vacuité avec des propositions comme « il faut prendre l’argent où il est » (sans jamais dire comment, ce serait trop simple), tout en se répandant en propos protectionnistes et nationalistes à doses de moins en moins homéopathiques.
« Les droits de douane sociaux », voilà la dernière trouvaille de la direction de la CGT pour tenter de faire ranger la classe ouvrière derrière les intérêts du patronat ! Et tout cela dans une ambiance déjà délétère produite par le racisme débridé délivré par les plus hauts sommets de l’État. Si le RN est un peu à la peine depuis l’annonce de la condamnation de Marine Le Pen, jamais ses idées n’ont eu autant de relais parmi l’ensemble des politiciens dévoués aux intérêts capitalistes.

Le meurtre islamophobe d’Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard constitue un nouveau cap dans l’offensive raciste et réactionnaire : ce meurtre a directement été encouragé par les Retailleau, Darmanin, Le Pen et consorts, tous ceux qui sèment les divisions et vomissent à longueur d’interview leur haine des étrangers et des musulmans. Non content de mettre deux jours à se déplacer sur place, Retailleau s’est livré sur la chaîne d’extrême droite CNews à un exercice de style raciste, expliquant qu’il était difficile de joindre la famille d’Aboubakar Cissé parce qu’il était en situation irrégulière…  Ce traitement par le pouvoir d’un crime que même la justice bourgeoise qualifie de raciste souligne la profondeur de l’offensive islamophobe, comme forme moderne du racisme colonial de l’État français.

L’annonce de la dissolution de la Jeune Garde et d’Urgence Palestine, brandie trois jours plus tard par Retailleau, en réponse à une question du député RN Julien Odoul, est un élément supplémentaire de taille dans la répression qui touche tous azimuts ceux et celles qui expriment dans la rue et dans les entreprises leur solidarité avec la Palestine, leur dénonciation du génocide à Gaza et de la colonisation. Elle permet par ailleurs de tourner au plus vite la page du meurtre raciste d’Aboubakar Cissé, et à absoudre toute responsabilité des discours racistes et la droite et de l’extrême droite pour marteler la propagande officielle des médias qui fait des « antifas » les terroristes et des soutiens au peuple palestinien des antisémites. Au même moment où le Parlement a fait adopter la loi sur l’antisémitisme, qui assimile toute critique de l’État d’Israël à de l’antisémitisme, et qui vise à criminaliser notamment toute la génération d’étudiantes et étudiants qui se mobilisent contre le génocide à Gaza.

Dans le même temps, la campagne lancée contre la France insoumise, allant jusqu’à comparer Mélenchon à Goebbels, ne vise pas en tant que telle la France insoumise, mais toutes celles et tous ceux qui contestent la politique menée par ce gouvernement et par les capitalistes.

Nous dénonçons sans ambiguïté toutes ces attaques, sans pour autant restreindre les critiques que nous pouvons avoir envers ces mouvements et organisations politiques. Nous ne séparons pas ces différentes attaques, de même que nous ne les détachons pas de la répression qui continue de s’abattre contre les militants dans les entreprises : notons d’ailleurs qu’un militant à Sud Informatique, est menacé de licenciement par son entreprise pour avoir dénoncé les contrats qu’elle a passés avec un industriel américain fournissant de l’armement à l’armée israélienne. Nous pouvons réfléchir à comment, à partir de la campagne pour la réintégration de nos deux camarades postiers, Yann et Gaël, nous pouvons poser cette question politique de la lutte contre la répression.

Climat social

La participation aux manifestations du 1er mai a été plus forte que l’année dernière (la CGT revendique 300 000 manifestants contre 210 000 l’an dernier, le ministère de l’Intérieur beaucoup moins mais est obligé de reconnaître lui aussi une hausse de la participation). Il y avait plus de jeunes dans les cortèges, plus de syndicalistes, tout un milieu militant qui tenait à être là, avec au moins l’idée de montrer que le monde du travail en a ras-le-bol des politiques gouvernementales et patronales menées contre lui. C’est la confirmation, après le succès des mobilisations des 8 et 22 mars d’une certaine envie de reprendre la rue au sein de notre camp social.

Le 13 mai dans la fonction publique et le 5 juin pour une journée « tous secteurs » appelée par la CGT seront des occasions à saisir pour continuer à exprimer cette combattivité. Mais ces rendez-vous isolés n’indiquent pas la moindre inflexion dans la politique des directions syndicales. Le 13 mai n’est pas du tout préparé, et le 5 juin a été choisi le jour de la « niche parlementaire » du PCF pour faire pression sur l’Assemblée. Nos luttes ne resteront pas à la niche, parlementaire ou patronale ! La bagarre contre les directions syndicales se mène politiquement – car leur passivité traduit la volonté de se poser en partenaires sociaux qi négocient la « relance » militariste – et par notre intervention lorsque nous avons des points d’appui. C’est le cas par exemple dans le social avec la semaine de lutte à l’appel des « rencontres du travail social » du 12 au 16 mai avec une journée de grève le 15 mai.

Regroupement

Deux ans après l’échec du mouvement des retraites, un an après la séquence des législatives anticipées qui avait remis 100 balles dans la machine à fabriquer des illusions électorales, une certaine disponibilité à reprendre le chemin de la rue et des mobilisations sociales semble timidement émerger au sein de certaines équipes combatives, notamment syndicales, comme l’ont montré des cheminots, postiers, travailleurs du commerce, de l’industrie ou travail social. Il est par conséquent de notre responsabilité, en tant que militants communistes et révolutionnaires, de chercher à regrouper au sein du monde du travail comme nous avons tenté de le faire au sein de la jeunesse mobilisée, celles et ceux qui se posent plus ou moins consciemment la question d’une stratégie dédiée à la lutte, pour rétablir un rapport de force en notre faveur.

Nous pourrions tenter de nouveau de nous adresser à des équipes militantes sur la base d’un appel pointant à la fois la nécessité de l’indépendance de classe par rapport à la politique militariste des capitalistes et des gouvernements qui les servent et d’un plan de bataille pour faire reculer patronat et gouvernement et arracher des revendications vitales (400 euros d’augmentation pour toutes et tous et interdiction des licenciements en tête de gondole).

Grève SNCF

C’est aussi la séquence de grève en cours cette semaine à la SNCF, baptisée « la semaine noire » par les médias adeptes du « cheminot-bashing » qui a contribué au réchauffement du climat social. Que ce soient les agents de conduite, les contrôleurs, les agents des ateliers de maintenance, tous ont en commun de revendiquer une augmentation pérenne de leur rémunération… alors que la SNCF, à coups de restructurations et de prix exorbitants du billet de TGV, a pu annoncer un bénéfice de 1,6 milliard d’euros pour l’année 2024 et une augmentation générale des salaires de 0,5 % pour 2025. Malgré l’émiettement organisé par les deux directions syndicales de la CGT-Cheminots et de Sud-Rail, qui ont surfé sur le corporatisme entretenu par le CNA, collectif national des ASCT (contrôleurs), la mobilisation des cheminots est là, car ceux-ci ont le sentiment de participer au même mouvement. Et ce n’est pas impossible qu’après cette semaine « rouge », les travailleurs du rail prennent confiance dans leur capacité collective pour aller jusqu’au bout dans le bras de fer avec leur direction, en faisant fi du calendrier façon puzzle envisagé par en haut.
Cela doit passer par la mise en place d’assemblées générales permettant aux cheminots de prendre en main leur mouvement mais aussi la mise en avant de revendications d’augmentations généralisées des salaires, les 400 euros qui manquent à toutes et tous. Les revendications de telles ou telles primes spécifiques à tel ou tel métier sont brandies par les syndicats et reprises par une partie des travailleurs car cela semble plus « atteignable » que des augmentations générales. Mais ce sont bien ces augmentations générales, pérennes et qui comptent pour la retraite, que nous mettons en avant, façon de répondre à la nécessité d’unifier l’ensemble des cheminotes et des cheminots pour aller chercher la victoire et ainsi pouvoir tisser des liens avec l’ensemble du monde du travail touché par le même problème des salaires rongés par l’augmentation des dépenses de la vie courante.

Licenciements

La CGT estimait déjà en janvier dernier que la vague de licenciements allait dépasser les 300 000 suppressions d’emplois et ces dernières semaines les annonces de PSE ou de fermetures d’usine se sont de nouveau accélérées (600 emplois en moins chez ArcelorMittal, 2800 en moins chez STMicro, par exemple). Et même lorsqu’une promesse de reconversion est faite comme pour la Fonderie de Bretagne, qui va produire désormais des obus (!), cela ne va pas empêcher des dizaines de licenciements et sans doute à terme la liquidation de l’entreprise, comme y est habitué le repreneur annoncé, Europlasma, bien plus spécialisé dans les plans sociaux que dans toute autre production. Il n’y aura pas « de sauveur suprême », ni un quelconque repreneur, tricolore ou pas, ni l’État qui peut subventionner ou même nationaliser pour mieux licencier.

Les responsables politiques et syndicaux de gauche se sont pressés à Dunkerque pour le 1er mai, avec une solution magique pour sauver ArcelorMittal : la nationalisation. Le refrain est connu : dans les années 1970, le gouvernement de droite, sous la présidence de Giscard d’Estaing, avait épongé les dettes d’Usinor et Sacilor, prenant une participation majoritaire dans les deux groupes. La gauche unie derrière Mitterrand avait poursuivi en achevant de nationaliser et c’est en fin de compte l’État qui a conduit lui-même des « restructurations ». Résultat des courses, 100 000 postes supprimés en une dizaine d’années et la richissime famille de Wendel, maître historique des forges, indemnisée bien au-delà de la valeur d’usines obsolètes.

Décidément, les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres forces, et les joindre, pour imposer l’interdiction des licenciements et le partage du travail entre tous et toutes sans perte de salaire. Plus que jamais, nous affirmons l’urgence que les milliers de salariés frappés par les licenciements ne restent pas isolés entreprise par entreprise, entrent en contact et se coordonnent. Il ne s’agit surtout pas de mettre des préalables, ni sur les revendications ni sur les méthodes de lutte. Car pour rendre crédible une grève générale de toutes les usines menacées, seule à même d’imposer l’interdiction des licenciements, il faut commencer par regrouper des travailleurs concernés, syndiqués et non syndiqués. Nous sommes à l’affût du moindre pas qui pourrait être accompli dans ce sens, en partant de l’idée qu’une équipe de travailleurs en lutte d’une usine serait à même de s’adresser aux autres en tant que telle. Nous y mettons tous nos efforts militants, de l’intérieur lorsque nous avons des camarades, mais aussi de l’extérieur en entrant en contact avec des équipes. Parallèlement, nous nous adressons à d’autres révolutionnaires ou militants syndicalistes désireux de construire un rapport de force et partageant cette conviction pour proposer cette démarche.

Jeunesse étudiante

Sans qu’on puisse parler d’un véritable mouvement à l’échelle nationale, les mobilisations dans la jeunesse étudiante contre les budgets d’austérité dans les facs et la dégradation des conditions d’étude ont marqué les derniers mois dans un certain nombre d’universités un peu partout dans le pays. Aujourd’hui, la fin de l’année universitaire entraîne de facto celle des mobilisations, mais aucun sentiment d’échec ou démoralisation ne traverse les groupes d’étudiantes et d’étudiants qui se sont mobilisés. Des décantations s’opèrent dans les discussions, dans un milieu que nous influençons : sur la nécessité de l’amélioration du rapport de force par la massification des AG et des liens à opérer avec l’ensemble des travailleurs et des travailleuses des secteurs victimes des mêmes coupes budgétaires. À l’échelle nationale, nous avons été la seule organisation politique, par l’intervention de nos jeunes camarades, à nous préoccuper de l’extension et de l’unification de ces bagarres.

Nous avons réussi, notamment à l’occasion de deux manifestations parisiennes, à regrouper une frange de jeunes mobilisés bien au-delà de nos rangs. Nous avons ainsi pris date pour la suite, car inévitablement, la question des mobilisations dès la prochaine rentrée universitaire se posera au vu des conditions d’étude encore plus dégradées imposées par la réduction des budgets. Nous avons proposé qu’une inter-orga de jeunesse se tienne dans cette perspective à la rentrée.

Construction du NPA-R pour un pôle des révolutionnaires

Enfin, dans chacune de nos interventions, nous nous adressons au milieu qui nous écoute pour le convaincre de la nécessité de s’organiser politiquement, au sein d’une organisation comme la nôtre. La construction du NPA-R est nécessaire pour défendre publiquement et largement la nécessité politique d’un « pôle des révolutionnaires ». C’est avec cet état d’esprit que nous avons fait à LO la proposition dans plusieurs villes, dont à Paris, de manifester les uns derrière les autres lors des cortèges du 1er mai, ce que LO a accepté… Ce qui fait figure d’exception dans l’océan de refus (certes poli) dans lequel LO semble parfois vouloir nous faire sombrer, notamment lorsqu’il s’agit de propositions d’interventions concrètes au sein de la lutte des classes.

Les fêtes locales permettent de regrouper notre milieu politique. Nous multiplions les réunions publiques du NPA-R d’ici l’été avec l’objectif de recruter pour renforcer les comités et en créer de nouveaux d’ici la rentrée. Les RER sont une échéance centrale à proposer en priorité. Non seulement pour les militants, mais pour ceux qu’on aimerait convaincre. Le programme aura un volet formation et découverte de nos idées et de notre organisation spécialement conçu dans cet objectif. Les RER doivent aussi devenir un rendez-vous pour notre milieu au sens large, y compris ceux qui ne souhaitent pas militer.


Résolution adoptée par le Conseil Politique National du NPA-Révolutionnaires des 10 et 11 mai 2025