Après deux ans et demi d’enquête, le parquet de Rennes a classé sans suite les violences commises par les gendarmes sur quatre personnes grièvement blessées lors de la manifestation contre les mégabassines le 25 mars 2023. Le parquet a estimé que dans un cas le tir était conforme au règlement et que dans les trois autres, leurs auteurs n’avaient pu être identifiés. Pour l’un des blessés, il n’a pas été possible de déterminer si la grenade avait été lancée en cloche ou en tir tendu. On peut supposer que l’enquête n’a pas dû être très poussée : aucun policier n’a été auditionné.
Par contre, le même parquet a décidé d’ouvrir une information judiciaire limitée cette fois aux tirs tendus de grenades révélés par les caméras-piétons portés par les gendarmes plus de deux ans après les faits. Dans ces vidéos, qui ont tourné en boucle sur les réseaux sociaux, on entend des propos accablants, tels que : « Je viens de mettre un GM2L dans les c… à un mec », « Il faut leur tirer dans la gueule », ou encore « l’e… que j’ai eu dans la tête, mon gars », tandis que d’autres gendarmes évoquent un « vrai kiff ».
L’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) estime que ces pratiques relèvent uniquement de dérives individuelles. Laurent Nuñez, de son côté, relativise en évoquant les « actions violentes » des manifestants. Mais les vidéos, elles, montrent clairement la situation telle qu’elle était sur le terrain.
Le procureur explique dans son rapport que les gendarmes ont été « victimes de très nombreux jets de pierres », de « cocktails Molotov et de mortiers », et que six d’entre eux ont brièvement été hospitalisés. Le bilan parmi les manifestants atteint, lui, 200 blessés, dont 40 grièvement, et deux personnes plongées dans le coma. Le parquet de Rennes ouvre même la porte à l’idée que, face aux manifestants, l’usage – même potentiellement mortel – de tirs tendus pourrait être assimilé à de la légitime défense.
La police nous protège, mais qui nous protège de la police ? Certainement pas la justice bourgeoise !
8 décembre 2025, Correspondant