Nos vies valent plus que leurs profits

Sanofi Maisons-Alfort. Quatre mois de lutte contre la vente : « c’est pas une question de fric, mais de dignité »

Depuis l’annonce de la vente du site de Maisons-Alfort (Val-de-Marne) au groupe allemand Adragos, le 4 juillet, les travailleurs ne lâchent rien. La semaine dernière a été rythmée par deux nouveaux rassemblements : mardi 4 novembre, en plein Paris, devant le siège social du groupe et jeudi 6 novembre devant le siège social France à Gentilly, où se tenaient de nouvelles négociations.

« Sanofi vend nos vies, pas ses profits »

Ils sont plusieurs dizaines à être de tous les rassemblements, le noyau dur, soutenus par tous ceux qui débrayent aux moments stratégiques pour ralentir la production. Une méthode qui a fait perdre 45 millions d’euros à Sanofi depuis juillet.

À chaque rassemblement, les pancartes dénoncent l’argent accumulé par le groupe, ainsi que son PDG Paul Hudson et ses 2,4 millions d’euros de salaire annuel. Le groupe a fait cette année 41 milliards de chiffre d’affaires pour 7,1 milliards de bénéfice net, soit 500 millions de plus que l’an passé.

Si le Lovenox – un anticoagulant très répandu, médicament phare de Maisons-Alfort – est rentable, il ne l’est pas assez au regard d’autres médicaments comme le Dupixent, utilisé dans le traitement des maladies inflammatoires, responsable à lui seul de 20 % du chiffre d’affaires de Sanofi : 1 200 euros la boîte de deux doses, remboursée par la Sécurité sociale : les médicaments sont choisis selon ce qu’ils rapportent et non ce qu’ils soignent. Les brevets sont un marché juteux.
Loin du monde des actionnaires, à chaque rassemblement, les faux cercueils symbolisent les vies des salariés que le groupe aimerait sacrifier pour ses profits. Mais ils ne se laissent pas faire !

Contre le mouvement, la répression

Quatre mois de rassemblements et de débrayages ne sont pas au goût de la direction qui fait tomber les sanctions sur les représentants du personnel. En octobre, trois avertissements et deux mises à pied ont été prononcés contre des représentants syndicaux.

Briser le mouvement dès maintenant, pour mieux faire accepter les conséquences de la vente plus tard, telle est la politique de la direction. Car une vente à un CDMO (sous-traitance pharmaceutique) s’accompagne toujours de casse des conditions de travail, comme le rappellent les salariés de Cenexi (ex-Roche, CDMO à Fontenay-sous-bois). Souvent présents aux rassemblements et actions de Sanofi, actuellement menacés de PSE, ils peuvent témoigner de la dégradation de leurs conditions de travail ces dernières années.

Sous-traiter le Lovenox… et le plan social !

Se débarrasser de l’étiquette Sanofi permet à Adragos de se séparer de toutes les conquêtes sociales acquises de force par les travailleurs du site. Ce ne sont pas les trois ans d’emploi garanti par le PDG qui vont permettre de se projeter dans l’avenir. Pas plus que les 30 000 euros d’indemnités de vente.

Pour les 450 salariés, les seules garanties seront celles qu’ils réussiront à arracher par la force. Une tâche qui nécessitera d’aller se tourner vers d’autres, dans tous les sites Sanofi (dont 11 ont fermé depuis l’épidémie de Covid et 27 depuis 2009) qui subissent la même politique du groupe. Aujourd’hui, quatre nouveaux sites sont menacés de vente, il s’agira de les faire entrer dans la bataille de Maisons-Alfort.

Face aux licenciements, les liens entre tous les sites, les groupes et les secteurs menacés vont être cruciaux pour imposer un rapport de force favorable aux travailleurs.

Correspondants