Les affreux cheminots vont-ils de nouveau prendre la France en otage pendant les fêtes de fin d’année ? À peine les directions syndicales ont-elles mis dans le paysage la possibilité d’une grève reconductible à compter du 12 décembre que les grands médias, comme à leur habitude, répétaient en boucle la même vieille rengaine. Il serait si dommage de parler du fond et que les gens comprennent les motifs de la grève, la soutiennent… ou pire encore s’y associent !
Dans les huit prochaines semaines, 6 000 cheminotes et cheminots sont promis au transfert dans des entités autres que la SNCF. Parmi ceux-là, les 4 500 agents de Fret SNCF qui travaillent au transport de marchandises. Gouvernement et direction prétendent hypocritement que cette décision de transférer ces cheminots dans deux filiales distinctes (avec au passage 500 suppressions de postes) n’est pas la leur et qu’elle serait une sanction de la Commission européenne. C’est pourtant eux qui, depuis 30 ans, organisent la suppression de milliers d’emplois dans le fret ferroviaire et mettent toujours plus de camions sur les routes : le plus gros transporteur routier de marchandises, Geodis, est une filiale à 100 % du groupe… SNCF !
Côté transport de voyageurs, l’ouverture à la concurrence et les premiers appels d’offres régionaux arrivent : des centaines de cheminots en Picardie et en Paca basculeraient soit dans des filiales SNCF, soit dans des filiales du groupe Transdev (selon l’entreprise à qui les conseils régionaux attribueront les marchés). Dans les quinze prochaines années, les 70 000 cheminotes et cheminots de SNCF Voyageurs sont voués à être transférés en filiales. En cas de refus, licenciement automatique !
Pourquoi une telle volonté de morceler le système ferroviaire et les cheminots ? Bien sûr, des affaires de gros sous ! Avec sa politique d’austérité salariale pendant près de dix ans et 2 000 suppressions de postes par an, la SNCF est devenue la compagnie ferroviaire la plus rentable d’Europe. Pourtant, pour les gouvernants et les patrons du secteur du transport, ça ne va pas assez loin : ils voient dans l’actuelle réglementation du travail un frein à leur appétit de gains de productivité. Le passage des cheminots en filiales a pour ambition de détricoter coin par coin et bout par bout cette réglementation. Ce qui est recherché par tout le patronat du secteur à travers l’ouverture à la concurrence des transports et le démantèlement des monopoles SNCF et RATP, c’est l’augmentation de la charge de travail, les suppressions de postes, le gel des rémunérations : en un mot, l’intensification de l’exploitation.
Les directions syndicales cheminotes appellent à une journée de grève nationale « ultimatum » jeudi 21 novembre, avant la grève reconductible à compter du 12 décembre. La manière dont elles présentent les enjeux de la grève obscurcissent le fait que les cheminotes et cheminots ont les mêmes problèmes que tous les travailleurs et travailleuses : salaires et emplois. D’ailleurs, les négociations annuelles obligatoires (NAO) qui se tiendront le 20 novembre s’annoncent bien maigres… Dans le mouvement qui vient, les cheminotes et cheminots devront prendre leur grève en main et mettre en avant des revendications claires et unificatrices. Les militantes et militants du NPA-Révolutionnaires y œuvreront.
11 novembre 2024, correspondant