Nos vies valent plus que leurs profits

SNCF : l’intelligence (très) artificielle de la direction

Sur la gare de triage de Sibelin en région lyonnaise, un des postes d’aiguillage a été équipé d’une intelligence artificielle. Cette IA est capable d’analyser les itinéraires qui ont été tracés et donc d’indiquer aux travailleurs si aucune erreur n’a été faite.

Jusque-là, très peu de boucles de rattrapage existaient, et seule la vigilance des agents permettait d’éviter les incidents. Cet outil est donc plutôt le bienvenu ! Mais l’IA ne règle pas le problème de fond. Car lorsque des incidents se produisent – comme des collisions entre deux trains – c’est en grande partie lié à la fatigue des aiguilleurs qui travaillent en horaires décalés avec des effectifs sans cesse revus à la baisse.

Et, sur le poste, ce nouvel outil est loin de faire ses preuves ! Pourtant, durant toute la phase de son développement, les aiguilleurs avaient proposé des idées pour que ce logiciel réponde au mieux à leurs besoins. Et c’est bien logique, car ils tiennent le poste toute l’année, jour et nuit, et connaissent mieux que quiconque les difficultés techniques de leur métier ! Mais la direction a préféré en faire fi… et a imposé un outil qui rame, rempli de bugs, et au final pas tellement adapté au travail du poste. Les chefs n’ont même pas pris le temps de proposer une formation pour apprendre à s’en servir !

Au final, les aiguilleurs se retrouvent avec un outil qui a pour effet d’alourdir leur charge de travail… un comble ! La SNCF veut tout de même en faire un produit phare, et entend le développer dans d’autres triages. Car l’entreprise est prête à tous les recours pour ne pas embaucher et supprimer des postes, quitte à bluffer avec des logiciels inefficaces !

Correspondant