Vitrine de la réindustrialisation voulue par Macron, STMicroelectronics s’était vu promettre 2,9 milliards d’euros d’aides publiques pour étendre l’usine de Crolles et fabriquer des wafers (galettes de silicium sur lesquelles sont gravées les puces). Un afflux d’argent public dans la continuité de l’histoire de cette entreprise, née dans les années 1960 du laboratoire Leti du Commissariat à l’énergie atomique. Mais au lieu des 1000 créations d’emploi promises en 2023, ce sont 2800 licenciements qui ont été annoncés le 10 avril dernier. Pourtant avec 2,52 milliards d’euros de chiffre d’affaires au premier trimestre 2025, ST est loin d’être en difficulté.
Le plan de licenciement résulte de gains de productivité. Il vise les sites de production que ST a gardés en interne : fermeture d’une ligne de 1200 salariés à Crolles, démantèlement du site de Tours, réduction importante des effectifs de l’usine d’Agrate en Italie.
Opposée au plan de licenciement, la CGT a refusé de signer l’accord de méthode instaurant un calendrier et des modalités de négociations. Dans une lettre ouverte à Macron, elle demande des « contreparties et des garanties […] concernant l’outil industriel et les emplois ». Une politique analogue à celle de l’intersyndicale italienne qui refuse de négocier, organise parfois débrayages et grèves, mais en appelle surtout au gouvernement Meloni pour défendre l’emploi italien.
Au croisement de l’automobile, de la téléphonie ou de l’armement, les salariés de ST pourraient trouver des alliés parmi les travailleurs de ces industries. Ils seraient également les plus à même de contester l’exploitation illimitée des ressources en eau que la course au profit impose à l’industrie des semi-conducteurs. Mais la politique des directions syndicales, aussi bien en France qu’en Italie, les prive de la force que pourrait représenter leur union dans une mobilisation visant à prendre sur les profits de ST pour empêcher les licenciements et partager le temps de travail entre tous et toutes.
Correspondant
Sommaire du dossier
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