Nos vies valent plus que leurs profits

Trafic de drogue et obsession sécuritaire

Marseille, Grenoble, Rennes, Poitiers, Valence : toutes les semaines, une fusillade ou un règlement de comptes lié au trafic de drogue. Ces drames qui impactent les habitants et la jeunesse des quartiers populaires, sont instrumentalisés par le gouvernement pour déployer sa politique répressive anti-pauvres et chasser sur les terres électorales de l’extrême droite.

« Taïaut taïaut taïaut »… dit Retailleau (suite du refrain connue…)

À chaque nouvelle fusillade, le ministre de l’Intérieur dégaine une formule choc : le trafic est une « pieuvre », une « menace pour les intérêts fondamentaux de la nation » et la France serait en voie de « mexicanisation ». Avec collègue à la Justice, Didier Migaud, ils annoncent une nouvelle loi, dite cette fois « antistupéfiants »… et son lot de mesures liberticides !

Ainsi l’arsenal répressif est-il dirigé et renforcé contre les quartiers ouvriers. Le nouveau chef de la gendarmerie a d’ailleurs annoncé la poursuite des interventions « Place nette » – opérations répressives de grande ampleur mises en place par Darmanin. Les quartiers sont bouclés pour la journée et les forces de l’ordre y sont massivement déployées. Au bout du compte : quelques barrettes de shit saisies et autant de petites mains interpellées. Mais l’intimidation policière contre les habitants joue à plein et le gouvernement donne des gages à l’électorat d’extrême droite. Les grands trafiquants, de leur côté, continuent à dormir tranquilles. Le gouvernement cible surtout les narcoprolétaires, ou « narcoracailles » selon Retailleau, comme si des narcobourgeois ne sévissaient pas dans la « bonne société ».

Débauche de moyens répressifs, mais coupes sombres pour les quelques fonds dévolus aux travailleurs sociaux qui accompagnent les jeunes des quartiers populaires. La présence des éducateurs de rue y a été réduite ces dernières années du fait de restrictions budgétaires et de fermetures de services.

Pour mettre fin au trafic, mettre fin au capitalisme

Le trafic est une forme de capitalisme illégal, qui concurrence mais se fond aussi avec le capitalisme légal. Petits ou gros, légaux ou illégaux, c’est par la violence qu’en dernière instance ces « patrons de la drogue » défendent leur droit à profiter du travail d’autrui. Dans des quartiers où la misère s’accumule, ils font miroiter un enrichissement rapide à des gosses qui le paient au prix d’une exploitation féroce, au prix également de leur peau, et ils assurent de fait un sinistre encadrement social.

Les travailleurs qui vivent dans les cités sont touchés deux fois, par le trafic qui leur pourrit la vie et par une présence policière surarmée, qui par ailleurs les stigmatise. Pour ne plus subir les guerres des réseaux mafieux, les travailleurs et travailleuses, et la jeunesse des quartiers, ne pourront compter que sur leur capacité à s’organiser eux-mêmes et réorganiser la société sur les bases de la coopération et de l’égalité.

11 novembre 2024, Bastien Thomas et André Korsa

 

 

Acquittement pour un scandale d’État

Voir le film Enquête sur un scandale d’État (2020) qui évoque les exploits de François Thierry, ex-chef des stups, passé en procès en septembre pour collusion présumée avec un grand trafiquant qui lui servait d’indic’…