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Turquie : explosion de colère contre le régime d’Erdoğan

Dimanche 13 avril, à l’appel du CHP, le parti d’opposition dont l’arrestation, le 19 mars, du principal dirigeant, le maire d’Istanbul Ekrem İmamoğlu, a été à l’origine de la révolte actuelle, une nouvelle manifestation a eu lieu en Turquie dans la ville de Samsun, sur la mer Noire. Le CHP a fait le choix symbolique de cette ville, où Mustapha Kemal avait initié le mouvement qui devait conduire à la création de la République turque.

Loin de se réduire à un simple mouvement de solidarité avec le seul İmamoğlu, la mobilisation actuelle exprime le rejet du régime d’Erdoğan, son autoritarisme, ses pressions religieuses et réactionnaires. Malgré les tentatives du gouvernement pour briser la mobilisation en prolongeant les fêtes de fin de l’Aïd et en arrêtant des centaines de manifestants, la colère ne semble pas s’éteindre.

Le 8 avril, des milliers d’étudiants ont manifesté à Istanbul et Ankara, et un « concert solidaire de la jeunesse » a été organisé le dimanche 13 avril dans un district d’Istanbul, réunissant des étudiants et des collectifs de parents d’étudiants emprisonnés. Les lycéens ont aussi commencé à faire leurs propres manifestations. L’occasion de dénoncer la répression, mais aussi d’appeler à élargir la mobilisation étudiante aux travailleurs. Appels qui ne se traduisent pas encore dans les faits, les principaux syndicats étant aux abonnés absents.

Le CHP a rallié la mobilisation pour en prendre la tête, réclamer la libération d’İmamoğlu et a enchaîné sur la demande d’élections anticipées, façon de détourner la mobilisation sur une voie purement institutionnelle.

Ce grand parti bourgeois, maintes fois au pouvoir, lié à une partie de l’état-major de l’armée comme au grand patronat turc, fort de ses succès électoraux contre les candidats du parti d’Erdoğan, cherche à apparaître comme la seule alternative. Mais sa volonté, visible, de contenir les manifestations peut convaincre de nombreux manifestants frustrés qu’il faut tout autre chose.

La grande inquiétude des dirigeants de la bourgeoisie, dont font partie ceux du CHP, est que la colère gagne les entreprises et que les travailleurs formulent leurs propres objectifs. À raison, car la lutte des travailleurs turcs trouverait sans aucun doute un écho bien au-delà de la Turquie. Le 1er mai peut être l’occasion d’affirmer une politique propre de la classe ouvrière.

Rose Lavire

 

 


 

 

Dans le numéro 32 de Révolutionnaires