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Turquie ­— Un régime bien commode aux yeux des grandes puissances pour maintenir l’ordre social dans la région

Le 25 mars, alors que les manifestations se poursuivaient en Turquie depuis une semaine, l’envoyé spécial de la Maison-Blanche au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a tenu à rappeler la conversation « géniale » et « transformationnelle » que Donald Trump avait eue récemment avec Erdoğan. On n’en attendait pas moins de l’émissaire de Trump. Gendarme de la région, la Turquie d’Erdoğan a contribué à la mise en place, sous l’égide des bandes armées du mouvement islamiste HTC, d’un régime chargé de rétablir l’ordre en Syrie après l’éviction de la Russie. Dans le même temps, elle maintient ses propres troupes dans nord du pays, contre la population kurde en particulier.

Macron s’est voulu plus distant, regrettant du bout des lèvres les « atteintes à la démocratie », pour souhaiter hypocritement que la Turquie « qui assume ses responsabilités de sécurité européenne » veuille bien « continuer d’être sur son chemin démocratique ». Son « chemin démocratique » ? Après vingt ans de pouvoir d’Erdoğan ?La contribution à la « sécurité européenne » dont Macron sait gré au régime turc, ce sont ces camps financés par l’Union européenne, aux conditions de vie épouvantables, destinés à garder en Turquie ceux qui viennent d’autre pays du Moyen-Orient et tentent d’émigrer vers l’Europe. Cette « sécurité européenne », c’est celle qu’assure aux patrons de Bosch, de Stellantis, de Renault la police d’Erdoğan contre les grévistes, c’est-à-dire les arrestations de militants, comme lors de grèves de l’année 2015 à Bursa. C’est celle que leur assure le syndicat officiel pro-patronal aux mains de l’AKP, le parti d’Erdoğan, souvent considéré comme l’unique syndicat légal dans l’usine.

14 avril 2025, Olivier Belin

 

 


 

 

Dans le numéro 32 de Révolutionnaires