Mardi 7 octobre, la Commission européenne a annoncé deux mesures, applicables dès 2026, concernant pour l’instant le volet douanier du « plan » pour la sidérurgie et les métaux. D’abord, une division par deux des quotas d’importation d’acier non européen aux frontières de l’UE, ainsi limités à 13 % de sa consommation annuelle. Ensuite, le passage des taxes douanières de 25 à 50 % pour les importations supplémentaires, soit un alignement sur les tarifs de Trump aux États-Unis.
La Commission européenne demande une transition vers l’acier « bas carbone » à l’horizon 2030, les sidérurgistes européens ont donc suspendu leurs investissements. En 2024, ils ont procédé à 18 000 licenciements directs, ainsi qu’à la fermeture de l’équivalent de 12 millions de tonnes annuelles de capacités de production. ArcelorMittal a suspendu les investissements pour de nouveaux fours et la rénovation des hauts fourneaux en France. En Allemagne, durant l’été, le géant ThyssenKrupp avait menacé de se séparer de sa filière productrice d’acier. Pour une transition vers des moyens de fusion décarbonés, sans hauts fourneaux et avec des fours électriques, ils exigent des États des garanties sur les débouchés et des subventions.
Un chantage sans fin soutenu par les politiciens
Désormais, les industriels attendent les dernières annonces liées au mécanisme de taxe carbone aux frontières de l’UE, avant de valider ou non leurs lourds investissements. Les mesures pourraient bien générer une inflation des prix de l’acier, de l’ordre de 3 % selon la Commission européenne. L’Association des constructeurs européens d’automobiles (Acea) craint que cette politique protectionniste impacte directement les prix à leurs dépens (les fournisseurs extra-européens étaient moins chers). De son côté, ArcelorMittal suspend 1,2 milliard d’investissement dans un four à arc électrique, pour mieux continuer de menacer 600 emplois et, derrière eux, plusieurs sites en France… Au grand dam de Xavier Bertrand (président LR des Hauts-de-France) et Stéphane Séjourné (Renaissance, commissaire européen à l’industrie), qui lui ont tous les deux servi la soupe.
Stéphane Séjourné affirme néanmoins : « C’est le prix à payer pour notre souveraineté et pour l’emploi. Je l’assume. Il faut se rendre compte de ce qui nous pendait au nez : le démantèlement pur et simple de la sidérurgie européenne. Qui peut croire que nous pouvons vivre dans ce monde géopolitique instable sans nos propres capacités à fabriquer nos voitures et nos tanks ? » Un protectionnisme guerrier dont se goinfrent les parasites, mais qui ne créera pas le moindre emploi.
14 octobre 2025, Pierre Selim