Nos vies valent plus que leurs profits

Une rentrée qui passe les Bornes

Le jour de la rentrée des classes, le 1er septembre, Élisabeth Borne a reconnu au micro de RTL qu’il manquait 2500 professeurs. « C’est moins que l’an dernier » s’est-elle empressée d’ajouter ! Voilà où en est réduite la ministre, alors qu’elle assurait quelques jours plus tôt que « 99,9 % des postes » étaient pourvus ! La pénurie de profs continue… alors que les classes sont de plus en plus surchargées.

Comme chaque année depuis plus de quinze ans, près de 2000 postes ouverts aux concours de recrutement pour être prof n’ont pas été pourvus. La crise de recrutement s’approfondit : comment s’en étonner, alors que le pouvoir d’achat des fonctionnaires s’est considérablement effrité du fait des blocages successifs du point d’indice, et que les conditions de travail se sont dégradées ? Malgré le satisfecit affiché par le ministère, nombreux sont les établissements dans lesquels des profs manquent à l’appel en cette rentrée, sans compter les arrêts maladie ou les congés parentaux qui ne sont quasiment jamais remplacés…

Évidemment, pour pallier cette crise de recrutement, la solution du ministère est de fermer des classes… Dans le premier degré, le ministère argue d’une baisse démographique : au lieu d’en profiter pour laisser respirer les profs et les élèves, et permettre un allègement des classes, le ministère ferme les classes à tour de bras ! Quant au second degré, les effectifs explosent. Dans les lycées, les classes à 35 sont devenues la norme. En collège, seuls les établissements classés REP+ voient leurs effectifs limités à 24… Mais en réalité les rectorats contournent ces seuils en inventant des « moyennes », et beaucoup de ces établissements voient leurs classes monter à 25 voire 26 élèves…

Coupes dans les budgets

À cela s’ajoutent les coupes dans les budgets des collectivités territoriales, dont dépendent les équipements et l’entretien des établissements. Ainsi, la région Île-de-France a imposé le passage au manuel numérique dans les lycées… et en a supprimé le financement, à moins d’accepter le livre qu’elle impose. Si les équipes pédagogiques veulent des manuels imprimés, ou choisir un autre manuel que celui imposé par la région, elles devront l’acheter avec les fonds propres de leur établissement !

Cela sans oublier la suppression brutale du pass Culture en avril dernier… Des centaines de milliers d’euros destinés à financer des sorties, des projets ont été « gelés ». Ces financements sont censés rouvrir en septembre… Mais les équipes ne sont pas à l’abri d’un nouveau gel brutal de ces fonds.

Face à cette nouvelle rentrée catastrophique, la colère gronde dans les établissements. Elle se fera sans doute entendre dès le 10 septembre !

Aurélien Pérenna