NPA Révolutionnaires

Nos vies valent plus que leurs profits
Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Vie du NPA – Marseille : rencontre avec Eduardo Belliboni et Gabriela de la Rosa, deux figures du mouvement piquetero argentin

Dimanche 24 septembre, le NPA 13 accueillait Eduardo Belliboni et Gabriela de la Rosa, tous deux membres du bureau national du Polo Obrero1, organisation de chômeurs et travailleurs précaires liée au Partido Obrero, pour un échange autour de la situation en Argentine.

Madrid, Barcelone, Marseille, Naples, Rome, Paris, Zurich, Milan… En quelques jours, ces deux militants enchaînent les rencontres sur le Vieux Continent pour chercher à construire de liens de solidarité internationale.

L’objectif premier de leur tournée est d’alerter sur la situation sociale gravissime que traverse l’Argentine, avec 45 % de la population sous le seuil de pauvreté – y compris parmi les travailleurs qui perçoivent des revenus réguliers, et quatre millions de personnes en extrême pauvreté, qui souffrent de la faim – en particulier les enfants (six sur dix), les chômeurs et les retraités.

En deuxième lieu, il s’agit de discuter et de dénoncer la criminalisation que subissent les organisations qui luttent contre cet ordre social, en particulier les organisations piqueteras indépendantes du gouvernement et qui s’opposent aux politiques d’ajustement mises en place par le gouvernement pour satisfaire les exigences du FMI.

Au sein des organisations qui composent l’Unidad Piquetera (front qui rassemble le Polo, le MST2, le MTR3 ou le FOL4), une centaine de militants sont actuellement inculpés ou condamnés pour faits de manifestations, avec parfois des peines de prison ferme.

La répression du mouvement social n’est pas une chose nouvelle en Argentine – sans remonter jusqu’aux 30 000 disparus de la dictature de Videla, on se souvient de l’assassinat de Teresa Rodriguez en 1997 à Cutral Có, des trente-neuf morts pendant le soulèvement de 2001, de l’assassinat de Maximiliano Kosteki et Dario Santillán en 2002, de celui de Mariano Ferreyra en 2010 ou plus récemment de celui de Facundo Molares en août dernier à la veille des dernières élections.

Mais cette judiciarisation de la répression inquiète les militants, qui plus est dans un contexte où l’extrême droite fait une poussée électorale et pourrait se retrouver en tête des prochaines élections générales fin octobre, avec l’émergence du « libertarien » Javier Milei5, qui promet « la prison ou une balle » pour les dirigeants piqueteros.

La discussion, riche, a été l’occasion d’échanger autour de l’expérience du Polo Obrero dans la lutte contre la faim (2 500 assemblées réunissant 70 000 militants et militantes assurent chaque jour 400 000 repas d’un bout à l’autre du pays) et plus généralement dans les mobilisations (avec des occupations géantes d’avenues et de places répétées ces derniers mois). Nous sommes également revenus sur la politique anti-sociale du gouvernement péroniste et ses responsabilités dans la montée du l’extrême droite, ainsi que sur la caractérisation du phénomène Milei et l’imminence ou non du fascisme.

La soirée s’est poursuivie pour certains devant le concert de Las Manos de Filippi, groupe de rock argentin dont les membres sont eux-mêmes partie prenante du mouvement piquetero : « ¡ Corte de ruta y asamblea ! Que en todo lado se vea, el poder de la clase obrera6 »

Correspondante

 

 


 

 

1 Pour en savoir plus, lire cette interview d’Eduardo Belliboni à propos du Polo Obrero et son positionnement au sein du mouvement piquetero.

2 Le Mouvement socialiste des travailleurs est une organisation trotskiste partie prenante, comme le PO, du Front de gauche et des travailleurs-Unité (FIT-U), et qui intervient également dans le mouvement piquetero au travers de son organisation MST Teresa Vive.

3 Mouvement Teresa Rodriguez, organisation de tradition guévariste, abstentionniste lors des élections.

4Front d’organisations en lutte.

5Voir notre article sur la situation politique au sortir des élections primaires.

6 Paroles de la chanson Los métodos Piqueteros. « Barrages routiers et assemblées ! Que le pouvoir de la classe ouvrière soit visible partout. »