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Face au R-Haine, organisons l’autodéfense et la solidarité

Cet article fait partie d’un dossier :

Après un entre-deux tours marqué par la menace du RN et les combines politiciennes de la gauche et de la macronie, il est urgent de reprendre le chemin des luttes

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Face au R-Haine, organisons l’autodéfense et la solidarité

Depuis les hauts scores réalisés par l’extrême droite aux élections européennes, les agressions racistes et homophobes se multiplient partout en France. La dissolution de l’Assemblée nationale et les perspectives de voir le RN accéder au pouvoir suite aux élections législatives n’ont fait qu’exacerber cette ambiance de violence. Qu’il s’agisse d’insultes racistes et homophobes, ou même d’agressions physiques, depuis le 9 juin, il y en a eu plus d’une par jour, selon le décompte fait par Mediapart.

Dès le soir du 9 juin, une agression homophobe a lieu dans le 6e arrondissement de Paris, par un groupe de néonazis en train de fêter la victoire de Bardella : il s’agit de la bande de Gabriel Loustau, 23 ans, fils d’Axel Loustau, un proche de Marine Le Pen. Un étudiant est agressé à coups de bâton et violemment frappé à la tempe. Au commissariat, les mis en cause assument pleinement leur homophobie et leurs sympathies néonazies. Boulangerie incendiée ici, car l’apprenti est d’origine ivoirienne, tag raciste là, réflexions homophobes ou racistes dans l’espace public, mails d’insultes ou de menaces reçus par des journalistes jugés pas assez blancs, ces incidents sont incessants. C’est non seulement leur nombre qui est extrêmement inquiétant, mais aussi le niveau de violence qui est atteint.

Le 22 juin, à Mudaison, dans la région de Montpellier, un jeune homme de 19 ans est agressé par quatre hommes sortis d’un 4×4 : ils le plongent de force dans un canal en lui maintenant la tête sous l’eau et en le traitant de sale Arabe. Ayant réussi à s’échapper, il rencontre d’autres victimes du même commando alors qu’il va porter plainte. Le 25 juin, à Thiais, dans le Val-de-Marne, un automobiliste a une altercation avec un chauffeur de bus. Il hurle : « J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, moi je vote RN, je vais te tuer, je vais te massacrer, je vais vous éradiquer », selon une source policière citée par France Info, avant de foncer sur lui et de le percuter au niveau des jambes. Dans l’Ain, Mourad est violemment passé à tabac le 26 juin dernier, pour avoir simplement demandé à deux hommes de cesser de faire du bruit en bas de chez lui. « On est chez nous, t’es pas chez toi. Moi je suis français, moi je suis chez moi », crie un des agresseurs. Le 2 juillet, selon l’association Utopia 56, dans la région de Calais, un groupe d’exilés soudanais est pris en chasse par deux voitures. L’un d’eux est percuté deux fois, blessé aux jambes, il a dû être hospitalisé. Selon une enquête réalisée par Streetpress, les intimidations et violences visant les réfugiés se sont multipliées ces dernières semaines à Calais et dans la région, à l’approche de l’élection européenne et encore plus depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale.

De quoi achever de se persuader que tout une partie de l’électorat RN ne vote pas seulement « par colère » face à Macron, mais aussi par adhésion aux idées xénophobes, racistes, antisémites et homophobes qui font partie de l’ADN de ce courant politique. La présidente du RN, Marine Le Pen, a beau revendiquer la respectabilité nouvelle de son parti, les prises de position des candidats aux législatives clament le contraire : la candidate RN à Caen a ainsi dû se retirer après la diffusion d’une photo d’elle portant une casquette nazie… Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres !

Face à cette violence décomplexée qui s’exprime dans les faits rapportés par Mediapart et d’autres, nous devons réussir à exprimer la solidarité avec celles et ceux qui en sont victimes et briser l’isolement. Seule la force du collectif, notamment avec nos collègues de travail, pourra nous protéger. Partout, il faut regrouper toutes celles et ceux qui n’ont pas été gagnés par cette « peste brune », qui doivent en rappeler les racines et les crimes du passé, et qui veulent lutter contre elle.

Lydie Grimal

 

 

(Sommaire du dossier)