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Webhelp (Caen) : la lutte pour les salaires continue

Vous avez besoin de passer un coup de fil à EDF ? Il n’est pas impossible que la personne qui vous réponde travaille en fait pour son centre d’appel sous-traitant : Webhelp. Dans l’agglomération de Caen, deux centres emploient près de 900 salariés chargés du démarchage et de la vente en ligne de prestations et abonnements, ou bien du SAV.

Ce ne sont pas les horaires qui attirent les nouvelles recrues à Webhelp – l’amplitude est de 8 à 20 heures et les plannings ne sont connus que 12 jours à l’avance – et encore moins les salaires, mais bien la nécessité de remplir le frigo. Aussi, même si un fort turn-over affecte l’entreprise – en 2023, elle a tout juste maintenu ses effectifs caennais en embauchant 500 nouveaux salariés – l’augmentation des salaires est devenue une urgence. En deux ans d’inflation, le nombre de demandes d’acomptes sur le salaire a presque doublé.

Alors depuis avril, les délégués syndicaux ont organisé un mouvement de débrayages répétés. Par service, des salariés se mettent en grève pour quelques heures, aux moments les plus critiques de la journée. Ils réclament entre autres une hausse de 100 euros mensuels. La colère de la direction, qui fait circuler des chiffres sur les pertes qu’occasionneraient les débrayages, ou encore l’afflux d’adhésions aux syndicats qui mènent la lutte sont autant d’indices que l’action va dans le bon sens.

Au-delà des sites de Caen, toutes les entreprises du secteur ont des salaires notoirement faibles, le plus souvent limités au Smic – seule une minorité de téléconseillers touchent des salaires corrects, mais avec une part très importante de primes. Au-delà de Webhelp, bien d’autres salariés de la région survivent au lieu de vivre avec ce Smic de misère, comme dans tout le pays. Autant de colères qu’il faudra bien fédérer un jour pour gagner…

Correspondant