Vermiglio ou La Mariée des montagnes
Maura Delpero, 2025, en salle
Amateurs de sensations fortes, il vaut mieux passer son chemin : pas de scénario à suspens ni de rythme endiablé au programme. Mais une plongée au cœur de l’intimité d’une famille (très) nombreuse d’un petit village perdu au milieu des Alpes italiennes et qui affronte l’hiver 1944. La guerre, jamais directement montrée, est pourtant omniprésente. Par les absences qu’elle provoque, les privations et les peines qu’elle fait endurer à celles et ceux restés à l’arrière, les traumatismes de ceux qui reviennent.
Le film décrit, une année durant, les trajectoires et tourments des différents membres de la famille Graziadei. Le quotidien est difficile, l’ambiance austère et la parole rare : le père autoritaire fait sa loi et la morale religieuse multiplie les interdits. Mais l’arrivée d’un déserteur sicilien va rompre cette monotonie pesante. Le film prend alors toute sa force et nous montre comment les trois jeunes sœurs font face, chacune à leur façon, aux carcans d’une famille traditionnelle et patriarcale. Sans se livrer ouvertement à des luttes revendicatives, mais par des ruptures morales et des actes d’affranchissement, même limités, pour simplement essayer de vivre leurs désirs et aspirations.
Sur des thématiques similaires, mais dans un contexte plus contemporain et un registre plus énergique et combatif, on ne peut que recommander par la même occasion de voir ou revoir Mustang, film turc de 2015 de Deniz Gamze Ergüven.
Boris Leto