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Air liquide : la santé des profits avant tout !

Cité Internationale de Lyon, lundi 2 octobre, 8 heures. Siège de LVL Médical, filiale du groupe Air liquide depuis son rachat en 2012, rejoignant ainsi Orkyn (racheté en 1999), VitalAire (acquise à 100 % en 2001), ainsi que les autres « prestataires de santé » Adep, Arair, Adair et Apair (rachetés en 2011). Sur place une quinzaine de syndicalistes CGT. On craint d’abord le matin de ne voir venir aucun salarié des filiales concernées par le PSE prévu et qui devrait aboutir au licenciement de 1038 personnes, soit près de la moitié de l’effectif : techniciens, infirmières, diététiciens, conseillers, commerciaux mais aussi managers…

Après de nombreuses discussions sur place, puis plus tard avec un contact salarié chez VitalAire, on comprend que l’absence de forte mobilisation est due en partie à l’éparpillement de travailleurs qui pour beaucoup bossent en itinérance, dans la santé à domicile, et dans de petites agences. Ainsi chacun peut penser qu’il n’est pas concerné et que le moindre plan touchera d’abord les plus gros sites… alors même que la boîte se constitue essentiellement d’équipes qui ne vont pas au-delà de dix personnes ! De fait, on manque de visibilité sur ce que représente le groupe mais également d’activité syndicale, par exemple avec un seul voire aucun représentant par agence. Pour qu’une grève ait de l’ampleur, il faudrait un vrai dialogue entre syndiqués et non-syndiqués, afin qu’elle soit prise en charge à la base. C’est tous les collègues qu’il faut convaincre.

Ces différents facteurs font en tout cas qu’en l’état chacun se retrouve assez isolé et subit plus directement pressions et chantages affectifs liés au travail en lien avec des patients. On nous dira aussi que « si ça se trouve, ils attendent que ça de pouvoir partir, vu les conditions de travail, un licenciement ça fait une excuse pour quitter la boîte ! ». C’est vrai que depuis quelques années, quel que soit le secteur d’activité, ce sont les mêmes problèmes que ceux qu’on peut voir dans le reste du monde du travail : salaires insuffisants, journées toujours plus chargées avec de nouvelles tâches qui s’ajoutent…

Un peu avant 9 heures, la directrice générale de LVL Médical arrive dans son manteau Michael Kors pour rentrer dans le bâtiment et tente l’enfumage : « On aimerait faire autrement, mais vous comprenez, c’est dur pour tout le monde »… Tu parles ! Air liquide, également spécialiste des gaz et hydrogènes industriels, réalisait en 2022 un bénéfice net de 2,75 milliards d’euros, en hausse de 7,3 % grâce à la flambée des prix de l’énergie ; et 993,9 millions pour le chiffre d’affaires de sa seule branche santé. Autant de sous à mettre dans la poche des actionnaires ! C’est la loi du profit qui prime sur la santé même des patients, qui seront aussi impactés par le plan de licenciement ; c’est la même chose quand les capitalistes choisissent de produire des médicaments plus que d’autres, selon qu’ils sont rentables ou non.

Mais la patronne soutient que sa préoccupation, c’est de sauver leur activité. Et lorsqu’un militant syndical lui rétorque que ça va surtout mettre la moitié des salariés sur la paille, elle tente d’expliquer que ce ne serait pas exact, avec la rengaine habituelle de proposer des reclassements… « Ouais enfin si c’est pour qu’on te propose un poste en Italie, c’est pareil : on te met à la porte », plaisante un salarié de Sanofi venu soutenir les collègues. Il n’était pas le seul, d’ailleurs, puisque quelques personnes de Biomérieux (autre grosse boîte pharmaceutique de la région) s’ajouteront au rassemblement ; leur grève l’année dernière leur a permis d’obtenir des revalorisations et reste dans les esprits pour les autres travailleurs du domaine.

Le combat, en tout cas, doit pouvoir se faire ensemble et quelle que soit l’entreprise, dans les domaines de la chimie, de la pharma et au-delà. Et à tous les étages : sur leur pause du midi, des salariés du centre d’appel de LVL Médical et même certains cadres sont descendus se joindre à la mobilisation. Puis finalement, l’après-midi, c’est au tour de salariés du site d’Orkyn à Mions, dans la métropole lyonnaise, de venir remplir un peu plus les rangs : la journée peut finir plus rassurante qu’elle n’avait commencé. Le même jour, d’autres piquets de grève ont eu lieu comme devant le site d’Orkyn à Atton en Meurthe-et-Moselle, celui d’Arair à Tours ou ceux d’Adep à Salouël et à Chambly en Picardie, Pourvu donc que la lutte dure et s’amplifie ! Pour des augmentations de salaire et contre les licenciements : à Air liquide comme ailleurs ! Pour sortir des logiques de profit, dans la santé comme partout !

Correspondant