Les bénéficiaires de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) sont-ils contrôlés sur la base d’un algorithme qui discrimine les plus précaires ? C’est ce qu’affirme La Quadrature du Net, une association de défense des libertés numériques qui explique : « Les dirigeants de la Cnaf profitent de l’opacité entourant l’algorithme pour nier son fonctionnement délibérément discriminatoire. » Dans sa lutte contre la fraude aux aides sociales, la Cnaf, qui gère les caisses d’allocations familiales, utilise depuis le début des années 2010 un algorithme pour identifier des bénéficiaires à risque et récupérer des « indus », c’est-à-dire des trop-perçus. Or, après avoir bataillé plusieurs années avant d’obtenir le feu vert de la Commission d’accès aux documents administratifs, La Quadrature du Net a publié deux versions de l’algorithme, celle utilisée entre 2010 et 2014 et celle utilisée entre 2014 et 2018, qui prouvent noir sur blanc que la Cnaf utilise des critères qui sont ouvertement discriminatoires envers les personnes touchant de faibles revenus, celles au chômage, les bénéficiaires d’aides sociales, celles résidant dans des quartiers défavorisés, et les familles monoparentales. Face à cette réalité, défense plutôt faiblarde du directeur général de la Cnaf, Nicolas Grivel, qui affirme que l’algorithme ne cible « pas forcément les personnes les plus pauvres mais celles dont les revenus varient »… Mais, dans les faits, ces deux catégories recouvrent souvent les mêmes personnes : les précaires.