C’était le traitement défendu par le professeur marseillais Didier Raoult alors que se propageait la première vague de la pandémie de Covid-19. Selon lui l’hydroxychloroquine, un médicament anti-parasitaire, était un remède quasiment miraculeux contre le coronavirus, alors que le monde se confinait pour ralentir sa propagation. Malgré les critiques de plus en plus vives des milieux médicaux il avait reçu l’onction de Macron qui l’avait qualifié de « grand scientifique ». Aujourd’hui, une étude parue dans la revue Biomedicine & Pharmacotherapy estime que son usage a provoqué la mort de près de 17 000 personnes et que ce chiffre est très largement sous-évalué. Pour parvenir à ce résultat, une équipe de chercheurs lyonnais s’est concentrée sur les données de la France, de la Belgique, de l’Italie, de l’Espagne, de la Turquie et des États-Unis lors de la première vague de la pandémie, c’est-à-dire entre mars et juillet 2020. Ils ont ensuite multiplié « le nombre de patients hospitalisés recevant de l’hydroxychloroquine par le taux de mortalité de chaque pays », explique le professeur Mathieu Molimard, chef du service pharmacologie du CHU de Bordeaux. Pour arriver à un total de 16 990 morts. Ce chiffre n’est toutefois « que la partie émergée de l’iceberg », précisent les auteurs de l’étude, et ce pour plusieurs raisons. Premièrement, elle ne porte que sur les patients décédés à l’hôpital. Elle met donc de côté tous ceux morts chez eux, potentiellement des effets secondaires que peut entraîner l’hydroxychloroquine, notamment sur le rythme cardiaque. Ensuite, ce chiffre ne concerne que six pays. Or d’autres nations – comme l’Inde et le Brésil où l’hydroxychloroquine a été massivement prescrite – n’ont pas été prises en compte, notamment par manque de données. Quoi qu’il en soit, Raoult, qui se voulait un grand bienfaiteur de l’humanité, apparait surtout comme un grand fossoyeur.