Alors qu’en France la plupart des médias ont présenté l’arrivée au large de Gaza des fleurons de la flotte de guerre américaine comme une subtile pression sur le gouvernement israélien pour qu’il ne massacre pas trop les Palestiniens, aux États-Unis des dizaines de milliers de manifestants plus lucides l’ont dénoncée pour ce qu’elle est : une participation à ce massacre.
Le président Joe Biden tentait de se présenter jusque là comme un « gentil impérialiste » : du côté des « progressistes » pendant la crise du Covid (en paroles mais sans donner les moyens nécessaires), prétendant se porter au secours des petits poucets ukrainiens envahis par leur ogre de voisin Poutine (alors que le grand capital américain défend ses propres intérêts en Ukraine en prenant le risque d’une généralisation du conflit). Mais cette fois, il endosse sans fard le rôle de complice d’un gouvernement d’extrême droite en plein nettoyage ethnique voire génocide à Gaza – et demain en Cisjordanie ? Résultat : deux tiers de la population se prononcent dans les sondages pour un cessez-le-feu immédiat, à rebours de presque toute la classe politique. Hasard ou pas, Biden est tombé en un mois de 40 % à 30 % environ d’opinions favorables. Quelques élus démocrates – sans Bernie Sanders qui se refuse même à appeler au cessez-le-feu… – menacent de lui retirer leur soutien. Pour certains, surtout par peur de perdre celui de leurs propres électeurs !
Car la colère est grande, et pas seulement dans la diaspora palestinienne. La mobilisation des Juifs américains impressionne jusque dans le monde arabe. La manifestation de samedi 4 novembre à Washington a saturé les trains à destination de la capitale, avant d’envahir ses rues. C’est la plus importante mobilisation anti-guerre depuis l’invasion de l’Irak en 2003 – et ce n’est pas faute à l’armée américaine d’avoir multiplié les interventions à dénoncer ! Un bateau suspecté d’acheminer les munitions qui massacreront bientôt les Gazaouis a été bloqué à Oakland puis Tacoma (côte pacifique) par quelques centaines de militants. Cela donne à voir ce qui serait possible de faire à quelques millions. Car c’est nous, travailleurs et travailleuses, qui faisons tout fonctionner. Nous avons les moyens d’enrayer la machine de guerre de l’appareil militaire !
Mathieu Parant
(Article paru dans Révolutionnaires, numéro 7, novembre 2023)