Parti d’Occitanie, un territoire historiquement engagé dans le bio, l’interlocuteur du gouvernement, la FNSEA, s’est dit satisfait de la mise à l’arrêt du plan Écophyto et de la mise au pas des instances chargées du contrôle sanitaire et environnemental.
Lancé en 2008, Écophyto visait une réduction de l’usage des pesticides de 50 % en dix ans. En 2015, Écophyto II réaffirmait cet objectif pour l’horizon 2025, avec une réduction de 25 % et un engagement de sortie du glyphosate pour 2020. L’herbicide de Bayer-Monsanto reste le plus utilisé en France comme dans le monde, alors qu’il est classé comme cancérogène probable depuis 2015 par le Centre de recherche international sur le cancer.
On était donc loin des objectifs, mais Écophyto reposait sur un indicateur de la contamination de l’environnement, le nombre de doses unités (Nodu), que le gouvernement veut faire disparaître au profit d’un indice moins fiable et qui serait co-construit… avec la FNSEA. Cette dernière a participé à la construction d’un modèle d’agriculture productiviste afin d’imposer la France comme une puissance agricole à l’échelle internationale. Un modèle juteux qui se maintient en broyant la santé des agriculteurs et des populations, sans parler des écosystèmes : l’abus des pesticides a provoqué une hécatombe chez les insectes, menaçant la biodiversité. Mais, pour la FNSEA et le gouvernement, il est plus facile de blâmer les normes environnementales que le système. Le jackpot pour l’agrobusiness qui accroît la dépendance des agriculteurs à leur égard.
À l’appauvrissement des sols il faut ajouter l’effet de dilution : les minéraux des champs sont répartis sur une plus grande quantité de produits du fait de l’augmentation des rendements, ce qui rend chaque produit plus pauvre. Ainsi, par rapport à 1945, les fruits et légumes présents dans l’assiette d’un Anglais contiennent 52 % de sodium en moins, 50 % de fer en moins, 49 % de cuivre en moins, 10 % de magnésium en moins et moins de vitamines. Il faut donc manger davantage pour satisfaire les mêmes besoins alimentaires, sauf que cela fait aussi ingérer plus de matières grasses.
Le problème de l’obésité n’est donc pas seulement celui des fast-foods, mais de toute une chaîne de production qui ruine la santé de l’agriculteur, détruit les écosystèmes, les sols et, finalement, nos organismes…
Flora Marilla et Louis Dracon
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 10, février 2024)