41 % des femmes dans le monde vivent dans des pays où le droit à l’avortement n’est pas reconnu ou très restreint, principalement en Afrique, en Amérique centrale et dans certains pays d’Asie. Selon l’OMS, 39 000 femmes meurent chaque année à cause d’avortements non sécurisés.
La lutte pour ce droit reste donc d’actualité. Dans quelques pays les femmes l’ont conquis récemment, comme au Mexique où la Cour suprême vient d’annoncer la dépénalisation de l’avortement, ou en Argentine où elle a été obtenue par une mobilisation d’ampleur, ou en Irlande. D’autres connaissent au contraire des reculs inquiétants. C’est le cas des États-Unis bien sûr, après l’annulation par la Cour suprême en 2022 de l’arrêt Roe v. Wade qui garantissait constitutionnellement ce droit. Depuis, quatorze États ont rendu l’avortement illégal !
Mais c’est aussi le cas de la Pologne où depuis janvier 2021 l’avortement n’est autorisé qu’en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Cela équivaut presque à une interdiction complète : en 2019, seuls 26 cas d’avortements, pour 38 millions d’habitants, avaient relevé d’une de ces clauses !
Même quand l’avortement est légal, de nombreux obstacles existent, comme le coût élevé, les délais d’attente, l’exigence d’un consentement parental pour les mineures, ou conjugal pour les femmes mariées, la stigmatisation sociale, mais aussi la clause de conscience pour les médecins. N’existant que pour l’avortement, elle est présente dans tous les pays européens à l’exception de trois, la Suède, la Finlande et la Lituanie. En Italie, 71 % des médecins font jouer cette clause, ce qui entraîne entre 15 000 avortements clandestins (selon le gouvernement) et 50 000 (selon des ONG).
Cette question du droit à disposer librement de son corps, du choix d’avoir un enfant ou pas, reste emblématique du statut des femmes dans la société, du poids des religions et autres idées réactionnaires, et des inégalités sociales. Pour des millions de femmes travailleuses ou pauvres, l’impossibilité ou la difficulté d’avoir recours à une contraception et à l’avortement sont des facteurs aggravants de leurs conditions de vie.
Nous appelons donc à participer aux manifestations qui auront lieu partout en France à l’occasion de la journée mondiale pour le droit à l’avortement du 28 septembre.
Liliane Lafargue
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 5, septembre 2023)