À l’approche des JO, le « nettoyage social » des rues de Paris bat son plein : délogements de sans-abri, interdiction des distributions alimentaires, exclusions d’étudiants de leur logement Crous, et maintenant c’est l’hébergement d’urgence des familles en grande précarité qui est sacrifié par les pouvoirs publics. Alors que les bouquinistes des quais de Seine obtiennent finalement droit de cité, les personnes à la rue sont expulsées en province au risque de saturer les dispositifs locaux d’hébergement d’urgence.
De la misère et des Jeux
En janvier, devant l’urgence de la situation, la défenseure des droits, Claire Hédon, s’est auto-saisie de la question, fait suffisamment rare pour être souligné. Depuis des mois, des associations accusent les pouvoirs publics de procéder à un véritable « nettoyage social ». Une « procédure devenue standard pour de nombreuses villes hôtes des Jeux olympiques depuis les années 1980 », dénonçait en octobre un collectif de 60 associations. Elles appelaient l’État à garantir une continuité dans la prise en charge sociale et le soutien vers l’hébergement. Une alerte restée lettre morte.
Au « nettoyage » de la capitale s’ajoutent les hôteliers qui, à l’approche des JO, rompent les engagements pris auprès des services sociaux en matière d’hébergement d’urgence pour se consacrer au tourisme, qui s’annonce très profitable pendant les Jeux. S’ensuit une politique de « desserrement » de l’Île-de-France, c’est-à-dire d’expulsion massive en province des populations précaires. Parmi lesquels les sans-abris parisiens, mais aussi d’innombrables familles brutalement mises à la porte des hôtels, faute d’investissements dans de vrais hébergements.
Au risque de saturer les dispositifs régionaux d’hébergement d’urgence
1er août 2023, Morbihan : un collectif d’associations saisit la préfecture, face à la recrudescence de familles à la rue. Elles font part de profondes inquiétudes face aux directives données par les services de l’État aux acteurs de l’hébergement d’urgence, notamment sur les nuitées hôtelières et l’accueil de jour. En effet, à Lorient, le SIAO (Service intégré d’accueil et d’orientation) les informe qu’il lui est demandé de faire sortir des dispositifs d’hébergement un nombre important de familles en réduisant drastiquement le nombre de places d’accueil disponibles.
Ces injonctions préfectorales se traduisent, à Paris comme en région, par des remises à la rue sans alternatives de personnes et de familles ayant de jeunes, voire de très jeunes enfants. C’est le tissu d’hébergement d’urgence qui s’effondre, à l’heure où la capitale brillera sous les feux des JO… Tout un symbole de l’injustice de cette société.
Norbert Tavac
Paris 2024, Loi Asile et immigration… une seule solution la mobilisation !
En recours pour faire reconnaître leur minorité par l’État, Les jeunes du parc de Belleville, constitués en collectif, sont présumés mineurs. Pas pour Paris ni pour la préfecture : ces jeunes vivent à la rue, leurs campements sont régulièrement démantelés par la police. Tout ce qu’ils obtiennent c’est par la mobilisation, les rassemblements, les AG et les actions. Malgré cela, lorsqu’ils sont mis à l’abri, ils sont regroupés avec des adultes et régulièrement remis à la rue malgré la trêve hivernale. Entre préférence nationale et JO, la tendance n’est pas au progrès social. Préfecture, mairies, départements, tout le monde se renvoie la « patate chaude » pour ces centaines de jeunes qui vivent à la rue et s’organisent. Le 23 mars, nous défilerons dans la rue à leurs côtés pour faire face aux attaques du gouvernement et ses lois racistes !
Pour les soutenir : https://www.helloasso.com/associations/liberte-egalite-papiers/formulaires/1
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 11, mars 2023.)