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« Rentrée sociale » : Lutte des places ou lutte de classe ?

Comment s’opposer au durcissement autoritaire, naturellement accompagné par la propagation de la démagogie d’extrême droite qui se « normalise » dans tout le champ politique ? En luttant pied à pied contre les idées racistes ou sexistes bien sûr, et contre tout recul sur le terrain des quelques libertés démocratiques durement gagnées : droit de manifester, de se syndiquer, de faire grève, limitation la plus drastique possible de l’impunité policière, etc. Mais sans se faire enfermer sur ce terrain de la réaction défensive. Les armes de répression et de division massives sont déployées par nos adversaires car ils redoutent la combativité du monde du travail dans une situation où la logique de leur système les pousse à l’offensive pour aggraver l’exploitation. Il faut rappeler en permanence nos revendications, celles qui permettraient de vivre et pas seulement survivre, de ne pas crever pour le patronat. Renouer avec le fil des luttes massives du printemps, en grève et dans la rue, faire la jonction avec la colère de la jeunesse des quartiers populaires – c’est dans ce cadre que pourra se développer la perspective d’une société débarrassée de l’exploitation et des oppressions.

Lutte des places dans la Nupes

Voilà, résumé à grands traits, l’enjeu de la mal nommée « rentrée sociale » – car les problèmes sociaux ne prennent pas de vacances. Le décalage est total avec le spectacle d’une gauche de gouvernement qui se chamaille pour de sombres affaires de tambouille électorale sénatoriale ou européenne, chacun se positionnant pour… 2027 ! C’est la lutte des places entre partenaires de la Nupes qui ont pourtant pour point commun d’avoir toujours défendu les intérêts du patronat lors de leurs passages au gouvernement, le plus souvent ensemble.

Si Mélenchon apparaît à gauche de cette coalition, son horizon n’est pas moins borné à gouverner le système actuel – et donc le gérer loyalement comme tous les autres dirigeants des partis de la gauche institutionnelle d’hier et d’aujourd’hui. Ainsi, l’invitée vedette de l’université d’été de LFI est Yolanda Diaz, ministre communiste du Travail du gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sanchez dont elle sert de caution de gauche. Une histoire qui se répète depuis… 1848 et la présence de Louis Blanc à la tête d’une « Commission ouvrière » sous les ors du palais du Luxembourg qui n’empêchera pas l’écrasement du prolétariat par la bourgeoisie. Dans l’Etat espagnol, le gouvernement dirigé par le PSOE a si bien protégé les affaires du capital en Espagne depuis 2018, que le parti d’extrême droite dure Vox a connu une très forte progression électorale.

Une politique pour unifier les luttes du monde du travail

Les syndicats et des associations de lutte contre les violences policières proposent des « marches » le samedi 23 septembre contre la répression. Le PS et le PCF refusent d’y participer, dans la droite ligne de leur dénonciation des émeutes au nom de l’ordre « républicain ». Le NPA appelle à manifester massivement, sous ses propres mots d’ordre. Pas au nom de la « République », qui, quel que soit son numéro, restera au service des capitalistes. Pas au nom du « contrôle de l’institution policière par le pouvoir politique »1, chimère dans une société dont les vrais maîtres sont les exploiteurs. Pas non plus au nom de la « démocratie participative » ou du « dialogue social » chers aux directions syndicales. Car le rôle « tampon » de conciliation entre exploiteurs et exploités que les corps intermédiaires politiques, syndicaux ou associatifs continuent à revendiquer est de moins en moins payant pour les travailleurs et autorise Macron à les snober et à les mépriser.

Le 23 septembre sera une occasion de reprendre la rue, de montrer que nous ne cédons ni à la peur ni à la résignation. L’occasion, s’il est réussi, d’imposer un calendrier de riposte social et pas un calendrier électoral. Le NPA y réaffirmera une politique qui permet d’unifier nos combats, qui sont ceux de différentes fractions d’une même classe ouvrière : le mouvement massif contre la réforme des retraites (et tout le reste) du premier semestre, la colère légitime de la jeunesse des quartiers populaires contre la répression policière et les grèves pour les salaires dans le secteur privé ou public, qui se sont multipliées ces deux dernières années – cet été encore chez Disney ou Emmaüs !

Raphaël Preston

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 4, septembre 2023.)