Sous prétexte de déficit de l’État, suite à la multiplication des subventions au patronat et au gonflement du budget militaire, Gabriel Attal vient d’annoncer la guerre aux chômeurs. Au programme : réduction de la durée d’indemnisation du chômage, allongement de la durée de la période travaillée pour avoir droit aux allocations, baisse du montant de celles-ci. Attal confond volontairement le budget de l’État et celui de la Sécurité sociale ! Mais son seul but est une nouvelle attaque contre les plus précaires d’entre nous, en espérant qu’il leur sera plus difficile de réagir. En attaquant les plus précaires, le gouvernement cherche à faire pression sur tous les travailleurs et travailleuses, avec ou sans emploi, pour augmenter toujours plus leur exploitation.
Le projet est de réduire de 18 à 12 mois la durée de l’indemnisation ; elle avait déjà été réduite de 24 mois à 18 en février 2023. S’y ajouterait l’augmentation du nombre de mois travaillés pour ouvrir droit à une allocation : il avait déjà été porté à six mois de travail sur deux ans, il s’agirait d’en demander huit. Le montant des allocations serait diminué, en changeant son mode de calcul et les rendant fortement dégressives : avec les réformes précédentes elles ont déjà baissé en moyenne de 16 % (et jusqu’à 50 % pour une partie des chômeurs). Et seuls 36 % des demandeurs d’emplois inscrits touchent une allocation.
Car on en est déjà à la troisième réforme sous Emmanuel Macron. Lors de la dernière, de février 2023, Macron avait annoncé que si on réduisait les allocations chômage c’était parce qu’il y avait plus d’offres d’embauche, que les chômeurs n’avaient qu’à accepter, mais qu’on pourrait assouplir les règles si le taux de chômage augmentait. Aujourd’hui il dit le contraire : c’est parce que le chômage augmente qu’il faut obliger les chômeurs à travailler pour une bouchée de pain. On a bien déjà imposé au bénéficiaire du RSA des heures de boulot quasi gratuit. C’est déjà à 6,7 milliards par an que sont chiffrées les économies que les réformes précédentes permettent. Et on en voudrait plus. Sur le dos des chômeurs et sur le dos des salariés tout court, puisqu’il s’agit de faire accepter n’importe quel travail à n’importe quel prix. Et c’est aussi aux malades que le gouvernement veut s’en prendre en parlant d’augmenter le nombre de jours de carence en début d’arrêt maladie.
Car cette réforme de l’assurance chômage s’inscrit dans la guerre sociale que mène le gouvernement : c’est aussi sur les budgets de l’école et des hôpitaux que Bruno Le Maire a annoncé qu’il entendait récupérer les 10 ou 18 milliards qui lui manqueraient. Déjà c’est dans les réserves que lui fournissent les livrets de caisse d’épargne (les économies mises de côté par les petites gens), jusque-là en grande partie destinées à financer la construction de logements sociaux, qu’on va puiser pour financer les faramineuses commandes aux marchands de canon. Une annonce d’autant plus révoltante que cette semaine, avec la fin de la trêve hivernale, vont reprendre les expulsions des locataires qui n’ont pas pu payer leur loyer, qu’il y a 330 000 sans-abris, 2,4 millions de demandes de HLM en attente.
Pour leur faire ravaler ces projets, il faudra s’y mettre toutes et tous ensemble. Dans différents secteurs, les réactions se multiplient : enseignants, contre ce « choc des savoirs » qui veut organiser le tri social des élèves et aggraver les conditions d’enseignement dans les collèges et lycées des quartiers populaires. Mais aussi dans d’autres secteurs sur les salaires, comme les débrayages vendredi dernier de plus de 3 000 salariés dans quelque 150 grandes surfaces Auchan, applaudis par les clients qui les voyaient défiler avec pancartes dans les allées.
Des réactions pour l’instant en ordre dispersé, mais qui ne demandent qu’à devenir mouvement d’ensemble pour mettre un coup d’arrêt à cette offensive générale du patronat et du gouvernement contre nous.
Éditorial du NPA du 1er avril 2024