La mort de probablement 600 migrants coincés dans la cale du bateau qui a fait naufrage au large des côtes grecques a partout créé une émotion. En Grèce, des manifestations ont réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes contre la politique indigne de l’Europe face au drame des migrants.
Selon les chiffres du projet Missing Migrants de l’Office international des migrations, entre janvier 2014 et juin 2023, 27 047 migrants sont morts ou ont été portés disparus au cours d’une tentative de traversée de la Méditerranée. Dont 1 120 enfants. Près de 3 000 migrants par an. Et il ne s’agit ici que des chiffres connus, les véritables chiffres étant sans doute bien plus élevés.
Il y a des naufrages quotidiens, qui sont autant de drames pour les migrants et leurs familles. Etparmi eux, des catastrophes à grande échelle, comme le naufrage de la semaine dernière au large des côtes grecques avec 600 morts ou disparus :
- 19 avril 2015 : un chalutier transportant près de 900 personnes avait chaviré près de la Liybye. Plus de 800 personnes sont mortes.
- Octobre 2013 : au large de l’Italie. Il y a eu 366 morts, dont de nombreuses femmes avec leurs enfants, coincées dans les cales d’un bateau de pêche.
- Juin 2016 : au large de la Crète. Au moins 320 personnes ont perdu la vie dans le naufrage d’un bateau qui transportait près de 700 personnes.
Il y a aussi ceux qui meurent de faim, ou des violences policières : le 24 juin 2022, quelques milliers de migrants cherchaient à franchir la barrière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla. Ils ont été violemment tabassés par les flics et laissés au sol sans secours. Bilan de la répression : au moins 37 morts selon les ONG.
Les effectifs de la surveillance des frontières de l’espace européen (l’Agence Frontex et ses prédécesseurs) ne cessent d’augmenter, ainsi que son budget : 45 agents en 2005, 10 000 prévus en 2027. Son budget était de 143 millions d’euros en 2015, 750 en 2022 et doit atteindre 845 millions en 2023.
Des moyens de plus en plus démentiels pour faire de l’Europe une forteresse entourée de barbelés surveillés à grands frais. Et des morts par dizaines de milliers.
Marianne Syzko
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 3, été 2023)