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La guerre en Ukraine, en débat

La contre-offensive ukrainienne a commencé. L’OTAN l’appuie par un gigantesque exercice aérien organisé à partir de l’Allemagne – où personne ne risque sa peau. La Russie l’inaugure par la destruction du barrage de Kakhovka et l’inondation du delta du Dniepr qui bloque l’armée ukrainienne et qui est un désastre pour les populations. Et la contre-offensive se solde par un nombre incalculable de victimes militaires.

Si Poutine a lancé, il y a un an et demi, son invasion de l’Ukraine pour garder sa mainmise et celle de ses « oligarques » sur ce pays jadis partie intégrante de l’URSS, les motivations sont symétriques du côté des prétendus « amis de l’Ukraine », Biden et à sa suite Scholz et Macron. Le sort du peuple ukrainien leur importe peu.

Depuis les années 2000, les appétits impérialistes occidentaux s’étaient manifestés par l’extension de l’UE et de l’OTAN à l’est, vers les frontières de la Russie.

Depuis 2014, non seulement l’impérialisme américain et chacun à sa façon les autres impérialismes occidentaux, n’ont pas apaisé les tensions avec la Russie, mais ils les ont même portées à un niveau toujours plus élevé par leurs livraisons d’armes à l’armée ukrainienne. Pour les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, pas de confrontation militaire directe : c’est tout bénéfice pour leurs marchands de canon. En 2022, les dépenses militaires mondiales ont atteint 2240 milliards de dollars, contre 1000 milliards en 1995. Si cette augmentation des budgets n’avait pas attendu la guerre en Ukraine, celle-ci a donné l’occasion de la gonfler, en France comme partout.

Bien avant la guerre, le Monopoly capitaliste était lancé par les dirigeants américains, et des pressions étaient exercées sur l’Allemagne pour qu’elle renonce au gazoduc NordStream 2, la reliant à la Russie sous la Baltique. Il s’agissait de débrancher l’Europe des hydrocarbures russes au profit du gaz de schiste américain. D’autres débranchements ont suivi.

Poutine, de son côté, a trouvé quelques soutiens ouverts ou masqués sous une apparente neutralité, auprès de gouvernants et leaders politiques de la bourgeoisie mondiale. Les dirigeants de Chine, d’Inde, d’Afrique du sud, du Brésil (Lula comme Bolsonaro avant !) ont refusé de condamner Poutine à l’ONU. Pour préserver leurs relations économiques mais aussi flatter des sentiments populaires anti-américains, rançon de décennies de guerres, crimes et coups tordus de l’impérialisme américain dans le monde.

Mais l’anti-americanisme n’est en rien une marque de progressisme. Bien des dirigeants ultra-réactionnaires, comme De Gaulle, ont dans l’histoire utilisé l’anti-americanisme pour affirmer leur politique. Aujourd’hui encore, Poutine trouve de beaux soutiens dans l’extrême-droite européenne.

L’impérialisme russe, certes de second ordre, défend bec et ongles ses intérêts et parts de marchés (colossaux du fait des richesses du pays en matières premières et énergétiques). Cet autocrate, nostalgique du tsarisme, qui a sauvagement réprimé les peuples du Caucase (Tchétchénie, Géorgie), a récemment porté secours à des dictateurs en butte à des explosions sociales en Biélorussie et au Kazakhstan.

Nous sommes solidaires des travailleurs d’Ukraine qui veulent chasser l’envahisseur russe (Hors d’Ukraine, l’armée de Poutine !). Mais qu’apporterait à la classe ouvrière ukrainienne une simple victoire de l’État ukrainien, un État capitaliste dont le gouvernement de Zelensky s’est illustré dès avant la guerre par ses lois anti-ouvrières et qui se surarme auprès de puissances occidentales qu’il faudra rembourser ? La tâche est difficile mais il faudrait que les travailleurs s’organisent sur leurs propres bases et perspectives, toutes autres que le nationalisme anti-russe de Zelensky ; s’adressent aux travailleurs de Russie, qui ne veulent pas se laisser embrigader pour une politique qui n’est pas la leur. Les prolétaires ont pour arme véritable leur mobilisation de classe. Ensemble, des millions de travailleurs russes et ukrainiens pourraient bouleverser les calculs des fauteurs et profiteurs de guerre. Et nous à leurs côtés, contre la militarisation dans nos propres pays et contre toutes les unions sacrées.

Aurélien Pérenna et Michelle Verdier

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 3, été 2023)