Des affrontements entre les forces armées et des manifestants ont, selon Amnesty international, fait vint-trois morts. Les manifestants protestaient contre la condamnation d’Ousmane Sonko, un des leaders de l’opposition qui compte se présenter l’an prochain à la présidentielle contre le président sortant, Macky Sall. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs quartiers de Dakar, en Casamance, dans le sud du pays, et dans plusieurs autres villes. Macky Sall laisse entendre qu’il briguerait probablement un troisième mandat malgré le fait que cela lui est interdit par la constitution. Et la condamnation de Sonko a pour but d’éliminer par avance son concurrent. Ce qui a rendu celui-ci populaire, alors qu’il n’est somme toute qu’un politicien bien classique, c’est sa dénonciation de la corruption du régime et de l’entourage de Macky Sall, notamment dans un livre de 2018 intitulé Pétrole et gaz au Sénégal : chronique d’une spoliation.
Mais, au-delà des manifestations en faveur de Sonko, c’est bien plus largement tout le mécontentement face à la misère sociale et au manque de perspectives pour les jeunes Sénégalais qui s’exprime. Et la colère contre l’impérialisme français est visible dans les manifestations, comme ce fut le cas en 2021 quand des entreprises françaises, notamment des supermarchés, avaient été prises pour cibles, pillées et incendiées.
Dima Rüger
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 3, été 2023)