La grève de 2023 a été l’occasion de renouveler l’expérience d’un comité de grève, en 2019 lors de la grève contre la réforme de la retraite « à points ». Dès janvier 2023, plutôt que de défiler en ordre dispersé, chacun sous ses couleurs syndicales, les cheminots ont joué collectif, avec des cortèges d’une centaine de travailleurs, preuve que la grève s’annonçait dynamique.
La date du 7 mars était très attendue par les cheminots de Strasbourg. Ce premier jour de la grève reconductible, après des journées de mobilisation isolées, beaucoup le voyaient comme le début des choses sérieuses. C’est dans cet esprit que l’assemblée générale a élu un comité de grève, d’une dizaine de grévistes, syndiqués ou pas, réélu chaque jour pour mettre en pratique les décisions de l’AG, piquets, cortèges, caisse de grève… toutes les initiatives qui font vivre une mobilisation. Il a aussi tenus informés les cheminots par la rédaction d’un tract quotidien diffusé dans les différents services de la gare.
Élu par tous les grévistes, le comité de grève a créé un cadre où syndiqués et non syndiqués ont pu pleinement s’investir. Cela a permis à la grève de déployer toute son énergie et aux grévistes de multiplier les initiatives sans attendre des consignes ou mots d’ordre d’en haut. En s’organisant eux-mêmes, les cheminots ont pu incarner une force aux yeux d’autres travailleurs. Le 22 mars, quand ils ont décidé d’organiser un barbecue place de la gare, ce sont plus de 300 personnes qui sont venues participer et débattre. Une soirée restée dans les mémoires comme un beau succès, qui a illustré l’efficacité d’une organisation collective dirigée par les grévistes.
Bien sûr, le comité de grève n’a pas eu une influence décisive sur le mouvement. Sa portée est restée modeste et privée des vis-à-vis qui ont existé lors d’autres conflits (AG interpro locale, comités de grèves d’autres villes…). Mais restent une expérience d’auto-organisation et des liens précieux.
Correspondants
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 3, été 2023)