Ce lundi 22 avril, le projet de loi sur la fin de vie du gouvernement est arrivé à l’Assemblée. Il ouvrirait une mise en place possible d’une aide à mourir sous conditions très strictes, pour des patients majeurs, en mesure d’exprimer clairement leur volonté, et subissant des souffrances intolérables et impossibles à traiter, à l’exception des maladies psychiatriques. Les réactionnaires en tous genres sont très attachés à la vie dès lors qu’il s’agit que des personnes extrêmement malades continuent à souffrir contre leur gré. Une société dans laquelle les richesses abondent devrait pourtant pouvoir donner à tous et toutes la possibilité d’être accompagné et de voir sa souffrance soulagée. Mais dans la société actuelle, soumise à la loi du profit, aux restrictions permanentes dans les budgets vitaux pour la population, comme celui de la santé publique, comment imaginer que la manière de régler la question de la fin de vie volontaire de personnes en grandes souffrances serait traitée avec tout le soin nécessaire, aussi bien pour les riches que pour les pauvres ?Le droit de choisir comment partir dans des conditions dignes pour les personnes concernées et leurs proches est un progrès essentiel. Les unités spécialisées font un travail indispensable reconnu par les familles des patients, mais encore faut-il que les travailleurs, et surtout les travailleuses de la santé, en aient les moyens.
La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a annoncé qu’un milliard d’euros seront débloqués sur dix ans pour les soins palliatifs. Ces mesures insuffisantes ignorent le gros du problème : 30 % des postes en soins palliatifs ne sont pas pourvus. En 2021, 150 médecins au bas mot manquaient dans ces services. En 2023, la Cour des comptes estimait que les besoins en soins palliatifs n’étaient couverts qu’à 50 %. Le sous-investissement et l’absence de politique publique solide sont répartis inégalement, certains départements sont de véritables déserts médicaux. En termes de soins palliatifs, la situation est encore plus exacerbée. À titre d’exemple, les territoires toujours maintenus en situation coloniale sont complètement délaissés avec deux fois moins de lits en soins palliatifs en moyenne qu’en métropole, et record battu pour Mayotte qui n’en dispose d’aucun ! Ces 100 millions supplémentaires par an sur une durée de dix ans, que le gouvernement se targue d’avoir débloqués, ne représentent en réalité qu’une augmentation d’environ 7 % par an du budget accordé aux soins palliatifs : tout juste de quoi compenser l’inflation autour des 5 %. Pas de quoi attirer les soignants dans ces services, puisqu’il manque déjà des soignants partout.
Emma Martin
(Article paru dans Révolutionnaires numéro 13, 25 avril 2024.)