Vendredi 17 mai, un homme a tenté d’incendier une synagogue à Rouen avant d’être abattu quelques minutes plus tard par la police. Le policier a été libéré sans aucune poursuite ultérieure après une courte garde à vue, ses tirs mortels ont été jugés par les autorités policières et judiciaires comme des actes légitimes au motif que l’homme a avancé vers le policier en le menaçant d’un couteau et d’une barre de fer. Les policiers qui sont intervenus vont être décorés, Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur s’est rapidement déplacé à Rouen, entre deux interventions haineuses contre les militants kanak du CCAT.
Cette tentative d’incendie contre un lieu de culte juif vient s’ajouter à la longue liste d’actes antisémites qui se sont multipliés depuis le 7 octobre. Nous condamnons avec force tous ces actes. L’antisémitisme est une des expressions du racisme, une arme de division massive entre les opprimés du monde entier, qui n’ont que les exploiteurs et les tyrans qui les servent comme seuls ennemis. Les journalistes s’égosillent à répéter que l’incendiaire était un Algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), mais au-delà des individus antisémites, – parmi lesquels on peut compter bon nombre de Français ! –, c’est bien toute l’organisation sociale capitaliste qui est gangrenée par le racisme.
Alors, quand ceux qui se proposent de mener le combat contre l’antisémitisme sont des gens comme Macron, qui a rendu hommage à Pétain en 2018 ou qui aime citer Maurras – dirigeant de l’Action française, organisation royaliste et notoirement antisémite du début du XXe siècle – ou bien comme Darmanin, qui a écrit sur les « difficultés touchant à la présence de dizaine de milliers de Juifs en France » au XIXe siècle, on peut avoir quelques doutes ! Et bien sûr, en amalgamant toute critique de la politique coloniale et génocidaire de Netanyahou à de l’antisémitisme depuis six mois, le gouvernement contribue en fait à l’alimenter.
Un rassemblement « républicain » appelé par le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol a regroupé plus de 500 personnes le soir même. Beaucoup des présents étaient rassemblés sous le coup de l’émotion, et c’est bien normal. Tout comme de dénoncer l’antisémitisme. Mais ce n’est pas au nom de la « république » ni dans le cadre des institutions garantes de l’ordre social actuel que nous pourrons éradiquer le fléau raciste. Pour combattre l’antisémitisme et tous les racismes, la seule manière est d’en arracher les racines : celles de cette société de classes.
Mat Correl et Marie Darouen