La revendication d’indépendance, portée par le FLNKS créé en 1984, s’est forgée au début des années 1970, notamment sous l’impulsion d’étudiants kanak ayant connu Mai 68 en France. Teintée de références au socialisme, elle porte en elle la restitution des terres, la reconnaissance et la sauvegarde d’une culture, d’un rapport à la nature, à la propriété, propres aux Kanak. Elle intègre la reconnaissance des « victimes de l’histoire » (les Caldoches).
Les accords de Matignon de 1988 ont ouvert une période d’intégration politique des organisations représentatives kanak (partis indépendantistes, associations, représentants coutumiers) dans les institutions coloniales. Les divergences au sein du mouvement indépendantiste portent à la fois sur le degré d’intégration, le rapport à l’activité économique, en particulier l’exploitation du nickel, et sur la notion de souveraineté. Indépendance-association, autonomie, la revendication nationaliste peine à porter un projet de société pouvant répondre à une situation sociale dans laquelle le peuple kanak est la première victime d’un capitalisme colonial en roue libre.
Créée fin 2023, la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), regroupe des partis membres du FLNKS, des syndicats dont l’USTKE et des partis hors FLNKS, dont le Parti travailliste (PT)1. Elle a permis les énormes mobilisations de ces dernières semaines.
La présence d’organisations de travailleurs au sein du CCAT et leur rôle dans la mobilisation ouvre la possibilité pour les exploités de dépasser le combat contre la puissance coloniale et mettre en avant la lutte contre tous ceux qui les oppriment, c’est-à-dire les capitalistes.
Marc Fouilloux
1 Le PT est l’émanation politique de l’Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités (USTKE), qui affirme, ne serait-ce que dans son nom, sa volonté d’intégrer tous les travailleurs exploités en Nouvelle-Calédonie – et ils sont relativement nombreux à venir d’îles d’Océanie ou du Vietnam.
Cet article fait partie du dossier publié dans Révolutionnaires no 15.
Sommaire du dossier
- Hors de Kanaky, l’État colonial français !
- La mise en place de l’ordre colonial contre les Kanak
- Malgré les « accords », le maintien du fait colonial
- Tandis qu’une mince couche du peuple kanak s’est enrichie, la majorité vit dans une pauvreté accrue
- Pour les capitalistes les profits, pour les Kanak la pollution ?
- Qui sont les indépendantistes ?
- Kanaky : une colonie française parmi d’autres
- L’État français doit dégager de la Kanaky !
