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Meeting du 25 juin : intervention de Blandine Chauvel

Ci-dessous le texte de l’intervention de Blandine Chauvel au meeting parisien du NPA-Révolutionnaires du 25 juin 2024

 

 
Macron a tenté de se présenter à nouveau comme un barrage au RN. La fois de trop d’après tous les sondages, car il a trop tiré sur cette corde. Mais avant même le premier tour, il nous rappelle à quel point il reprend l’idéologie et les pratiques répressives dignes de l’extrême droite.

Palestine

La semaine dernière, ce gouvernement a carrément convoqué Daniel Levyne, directeur de publication de l’Union juive française pour la paix (UJFP), pour « apologie du terrorisme ». C’est la première fois qu’une association juive, qui combat le racisme sous toutes ses formes et qui œuvre pour une paix juste et pour l’égalité des droits en Israël-Palestine est visée.
C’est la campagne de diffamation contre tous les soutiens au peuple palestinien qui continue sous une forme des plus grotesques. Et quoi encore, l’UJFP serait antisémite elle aussi ? Ça, même pour Macron, c’était quand même un peu gros, donc le gouvernement s’est contenté de les accuser d’apologie du terrorisme.

Mais ce n’est pas l’UJFP, c’est l’État d’Israël qui est un État terroriste ! C’est les soutiens de cet État qui sont des terroristes !

En ce moment même, les massacres continuent à Gaza. La semaine dernière, c’est encore un établissement de la Croix-Rouge qui a été visé par l’armée israélienne. Il faut s’imaginer la chose : des frappes près des bureaux de la Croix-Rouge, touchant les centaines de civils déplacés vivant dans des tentes et qui sont réfugiés là. Et pareil dans le sud : samedi le camp de réfugiés d’Al-Shati a été bombardé par l’armée israélienne. Au moins 42 morts. Alors qu’il était classé « zone humanitaire sûre » par l’armée israélienne ! Alors les Palestiniens essaient de fuir à nouveau, mais pour aller où ? Pas de nourriture, pas d’eau potable, et c’est la famine à Gaza City : la famine comme véritable arme de guerre. L’armée bloque volontairement toute aide humanitaire, pour condamner la population.

Alors oui, on continuera de manifester et de dénoncer ce génocide !

Et dénoncer le gouvernement français ! Parce que oui Macron et ses alliés, de même que Le Pen, font l’apologie du terrorisme de l’État d’Israël. En bons petits serviteurs, ils obéissent au capital français, qui fait non seulement des affaires avec la colonisation et le massacre des Palestiniens, mais en plus se sert des Israéliens et de leur État raciste et militariste comme base de manœuvre pour défendre ses intérêts dans la région. Les militants antisionistes américains ont une image pour exprimer ça : ils disent qu’Israël est le porte-avion des États-Unis au Proche-Orient.

Alors les Macron et les Le Pen nous salissent de l’accusation d’antisémitisme. L’objectif est de nous faire taire. Pour que, pendant ce temps-là, les Carrefour, les Thalès, les Puma et autres Optic 2000 puissent continuer en toute tranquillité de faire des profits sur le dos des colonies et vendent des armes à l’armée génocidaire – pièces de mitraillettes et pièces de drones comme vient de le révéler le média Disclose ! Alors non, ils ne nous feront pas taire.

Cette propagande absurde devient ridicule quand ce sont nos camarades de l’UJFP qui sont visés. Oui ils trouveront toujours quelques personnalités inconscientes voire gâteuses qui appellent à voter pour l’extrême droite au nom des Juifs. Mais c’est un mensonge éhonté, c’est même un piège terrible ! L’extrême droite est antisémite, c’est dans son ADN ! L’État d’Israël et sa politique sioniste n’est en rien une protection pour les Juifs !

Oui nous combattons l’antisémitisme, qui fait des victimes y compris ici en France, comme tous les racismes. Et nous combattons leur source, leurs racines : le nationalisme, le colonialisme et donc le capitalisme !

Kanaky

Et en matière de colonisation, le gouvernement français s’illustre dernièrement aussi en Kanaky. Cette semaine, en Nouvelle-Calédonie, il est passé en mode vengeance coloniale. Le Pen l’aurait rêvé mais c’est Macron qui l’a fait !

Rappel des faits : Macron et Darmanin ont fait adopter au mois de mai à l’Assemblée et au Sénat une loi pour élargir le corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Une loi qui avait pour but de rendre les Kanak totalement minoritaires dans leur propre pays ! Une vraie loi coloniale passée en force contre l’avis non seulement de la population kanak mais aussi de nombreux travailleurs caldoches ou immigrés d’autres îles du Pacifique, voire même du Vietnam, qui sont les alliés des Kanak. Car les Kanak ne revendiquent pas l’indépendance uniquement pour leur peuple, ils revendiquent de vivre avec tous les peuples de leurs îles en communauté, débarrassés de l’État colonial français.

Macron et son gouvernement, ils veulent garder la mainmise sur cette zone. La Nouvelle-Calédonie c’est une colonie stratégique. C’est déjà une base militaire dans la région, une ouverture sur le Pacifique. Mais c’est aussi des mines de nickel juteuses pour les profits. Le nickel, ce matériau indispensable notamment pour la construction des voitures électriques. 11 % des réserves mondiales.

Cette loi coloniale, passée en force contre la volonté des Kanak, a donc été l’étincelle qui a mis le feu à une situation à la fois d’oppression nationale et de misère sociale, quand plus de 25 % des Kanak sont au chômage. Les révoltes ont été extrêmement puissantes, unanimes dans les banlieues pauvres de Nouméa.

Les colons ont réagi avec la violence qui les caractérise : en plus des milliers de flics et de gendarmes qui ont fait le voyage dans le Pacifique avec leurs voitures blindées, des milices se sont montées, dans les quartiers blancs et aisés de Nouméa. De vraies milices armées, souvent initiées par des flics et des gendarmes sur leur temps libre, qui ont agi en toute impunité. Elles ont tué au moins sept jeunes Kanak. Et par contre, pour eux, il n’y a aucune sanction !

Face à la révolte bien légitime, Macron a retiré son projet de loi, contraint et forcé. Dès le lendemain de cette reculade bien méritée, il a enfermé les leaders indépendantistes de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) qui a mené la lutte contre son projet de loi.

Et pas n’importe comment : le gouvernement a fait déporter ces militants en métropole. D’après les informations qui nous sont parvenues, Christian Tein a été envoyé à Mulhouse, Frédérique Muliava à Riom, Brenda Ipeze à Dijon, Dimitri Qenegei à Villefranche-sur-Saône, Steve Unë à Blois, Guillaume Vama à Bourges, Yewa Waethane à Orléans. Ces dirigeants indépendantistes sont donc transférés à 17 000 kilomètres de chez eux ! Et ils ne sont pas les seuls. Ils sont nombreux ces jeunes Kanak à avoir été emprisonnés ici en métropole. Loin de leur famille. Et pour ceux qui ont été acquittés, ils se retrouvent en galère ici à des milliers de kilomètres de chez eux.

C’est la vengeance mesquine d’un État colonial. Car oui la France est un État colonial et impérialiste, autant et en fait même bien plus que l’État d’Israël au cours de l’histoire.
Cette vengeance coloniale qui fait office de « justice » en régime capitaliste, nous la dénonçons. Nous voulons la libération, la relaxe et l’acquittement de tous les prisonniers politiques, pas seulement les leaders indépendantistes mais aussi de tous les jeunes arrêtés pendant les émeutes !

Mais cette vengeance coloniale, elle est aussi le reflet de la peur panique qui a saisi l’État français face à la révolte. Oui, ils ont peur d’une révolte de la jeunesse de toute une région. Et oui, c’est la voie à suivre pour les droits des peuples, de tous les peuples, mais aussi pour nos droits de travailleurs !

Et c’est d’ailleurs la voie que suit la jeunesse kanak qui a repris sa mobilisation depuis ces arrestations et ces transferts ! Non, la répression ne les fait pas taire, ils ont raison !

Et pendant que la droite applaudit à la répression, la gauche du PCF, PS, et de La France insoumise s’est contentée d’appeler au calme et au dialogue, invoquant Mitterrand, Rocard ou Jospin. Mais ce sont les socialistes qui avaient cherché à imposer, en 1984, un nouveau statut de l’archipel, initiant une vague d’affrontements, sous Mitterrand-Chirac, avec le massacre en 1988 de 19 indépendantistes dans l’assaut de la grotte d’Ouvéa. Le « dialogue » instauré par la suite a surtout été une manière de faire lanterner la population avec des référendums promis pour 40 ans plus tard… Le dernier référendum, tenu à marche forcée malgré la crise sanitaire, a été, à juste titre, boycotté par les indépendantistes. Nous voilà 40 ans plus tard : et aucun problème n’est réglé.
Car il ne faut pas croire que la violence coloniale pourrait s’arrêter sous le capitalisme, ou qu’on pourrait l’aménager pour qu’elle ait un visage plus humain. Non, le capitalisme n’est ni amendable ni réformable. La colonisation ce n’est pas une dérive, une bavure du système : l’économie capitaliste a besoin de la colonisation, comme elle a eu besoin de l’esclavage des Noirs et du pillage des Amériques pour accumuler son capital de départ. Et de nombreuses fortunes ne se seraient pas faites sans.

C’est le cas de la famille Seillière (vous savez Ernest-Antoine – ça ne s’invente pas comme prénom –) qui a été patron du Medef de 1997 à 2005), dont la fortune est issue de la traite négrière.
Ou encore de Bolloré qui a fait fortune sur la Françafrique et qui maintenant se sert de cette fortune pour déverser sa démagogie raciste anti-africaine comme l’a très justement rappelé Selma à une journaliste de CNews un peu gênée.

Alors oui, on le répète, le capitalisme n’est pas amendable, ni réformable. Il n’y aura pas de colonisation à visage humain. Et pour un monde sans frontières, sans patrons et débarrassé de la colonisation… il y a urgence à la révolution.