Le 28 mai 2024, le Sénat a adopté par 180 voix pour contre 136 la proposition de loi déposée par une sénatrice Les Républicains, Jacqueline Eustache-Brinio, d’interdiction des transitions pour les mineurs, avec des limites mises à la prescription de bloqueurs de puberté et autres traitements.
Cette loi a été adoptée grâce aux voix de la droite et du centre (contre celles de la gauche et des macronistes). On ne sait pas si elle sera discutée et votée à l’Assemblée nationale.
Par-delà son côté réac évident, cette loi s’inscrit dans une offensive anti-trans qui commence avec la remise en cause d’un vrai suivi pour les mineurs. Elle s’appuie sur un prétendu « rapport scientifique » complètement biaisé, puisque ne citant pas de médecins spécialistes, ou alors de manière tronquée, avec des mensonges sur les traitements existants. Les bloqueurs d’hormones sont ainsi présentés comme irréversibles, ce qui n’est pas le cas (ils sont d’ailleurs prescrits depuis longtemps pour interrompre des pubertés précoces qui posent, notamment, des problèmes de croissance). En se focalisant sur le nombre d’enfants qui, une fois sous traitement, font marche arrière, les réacs veulent apparaître comme leurs défenseurs. Or seuls 11 % des mineurs trans ont recours à ce genre de traitements : le nombre de ceux ou celles qui changent d’avis est très faible et cette loi monte en épingle une situation très rare par démagogie réactionnaire.
Une offensive internationale
Aux États-Unis, une vingtaine d’États ont récemment mis en place des législations interdisant tout traitement pour les mineurs trans, avec des poursuites pénales contre les professionnels de santé qui prescriraient des bloqueurs d’hormones par exemple. La Cour suprême a temporairement autorisé l’application de ces lois et doit rendre bientôt un avis définitif. Au Royaume-Uni, le même type de loi a été voté.
Toutes ces bonnes âmes font fi de la souffrance, bien réelle et documentée, de ces jeunes, les poussant plus fréquemment que les autres enfants à tenter de mettre fin à leurs jours. Avant de proposer des traitements à des mineurs, de nombreux critères sont pris en compte afin de s’assurer du bien-fondé de la décision. Le suivi est encadré pour s’assurer que le traitement se passe bien et qu’il correspond toujours au désir des adolescents. De tels traitements permettent aux jeunes trans de ne pas subir la détresse d’un changement de leur corps dans une direction toujours plus éloignée de ce qu’ils sont et peuvent leur épargner d’avoir recours, une fois adultes, à des opérations ou traitements plus lourds.
L’extrême droite et les réactionnaires de tout poil utilisent de façon opportuniste l’augmentation de la médiatisation de ces questions trans pour se présenter en défenseurs de l’ordre moral, de la famille et des valeurs chrétiennes.
Or la facilitation du changement de genre, tant médicale que sociale, est un enjeu important dans la reconnaissance des droits des personnes trans.
M. W. et L. L.
Dossier paru dans Révolutionnaires no 16